Hervé Schulc, le basketteur devenu médecin de Malherbe

A chaque trêve internationale, le SM Caen vous propose un focus sur un membre du staff. Après Jean-Marie Huriez, l'adjoint de Patrice Garande, Frédéric Peteyrens, l'entraîneur des gardiens, et Jean-Marc Branger, le préparateur physique, c'est au tour d'Hervé Schluc, médecin du Stade Malherbe depuis juin 1990 avec un intermède de quatre saisons entre 2003 et 2007 dont la première passée au chevet de l’AS Monaco. Ce natif de Caen, âge de 53 ans, revient sur son parcours aux côtés de clubs professionnels de football, lui, l’ancien basketteur du CBC en troisième division dans les années 1980.
Hormis un intermède de quatre saisons entre 2003 et 2007 dont la première au chevet de Monaco, Hervé Schulc est le médecin du Stade Malherbe depuis juin 1990.
Hormis un intermède de quatre saisons entre 2003 et 2007 dont la première au chevet de Monaco, Hervé Schulc est le médecin du Stade Malherbe depuis juin 1990.

Comment devient-on médecin d’une équipe professionnelle de football, notamment au SM Caen ?

“Par le biais d’une amitié avec Bruno Gacoin, le kinésithérapeute du club depuis 1988, avec qui j’entretiens une relation particulière. Nous nous sommes rencontrés pendant notre service militaire à Carpiquet à l’EDNBCAT (Ecole de défense nucléaire, biologique et chimique de l’Armée de terre) entre mai 1987 et mai 1988. Au sein de l’infirmerie, nous avions créé une petite structure médicale qui prenait en charge les traumatismes du sportif, tous les athlètes pros ou semi-pros de la région y étant affectés. C’était notre première expérience dans ce domaine”.

Pour revenir à votre arrivée au Stade Malherbe ?

“A la demande du coach Daniel Jeandupeux qui venait d’être intronisé, le club était à la recherche d’un médecin attaché à la formation professionnelle. Bruno qui jouait à Malherbe a indiqué à la direction qu’il connaissait une personne correspondant au profil. Sachant que le président Jean-Jacques Fiolet me connaissait déjà du basket puisque son père occupait le poste de directeur sportif au CBC. J’ai débuté ma mission sept mois après mon installation en tant que médecin libéral en décembre 1989 (entre 1989 et 2002, Hervé Schulc a été en parallèle de ses activités au SM Caen docteur généraliste avec une spécialisation dans le sport. Depuis 2002, il se consacre exclusivement à la médecine du traumatisme du sportif)”.

“AVEC L’ÉQUIPE DE FRANCE DE BASKET POUR LA PRÉPARATION DE L’EURO 2005”

Pourtant, vous n’êtes pas issu du monde du football…

“Je suis un ancien basketteur où j’évoluais au poste d’ailier. Un peu à la Bobo* (rires). J’ai fréquenté les rangs du Caen BC jusqu’en juniors. Dans cette catégorie, nous avions, d’ailleurs, atteint les demi-finales du championnat de France en 1979. J’ai aussi été sacré champion national universitaire avec la faculté de Caen l’année suivante avant de pratiquer en N3, l’équivalent de la N1 aujourd’hui pendant sept saisons entre 1980 et 1987 à l’ASPTT Caen puis à l’AJS Ouistreham”.

Avez-vous connu d’autres expériences dans le sport de haut de niveau en dehors du football ?

“Par l’intermédiaire d’Yvan Mainini, ancien président de la FFBB et actuellement à la tête de la Fédération internationale (FIBA), qui m’a appris à jouer au basket à Caen en 1970, j’ai eu le plaisir de participer pendant trois semaines à la préparation de l’équipe de France de basket qui allait disputer l’Euro 2005 à Belgrade. Cette démarche s’inscrivait dans une volonté de professionnaliser la sélection nationale. C’était les débuts de la génération Tony Parker avec notamment Boris Diaw, les frères Pietrus, Mickaël Gelabale et quelques cadres comme le capitaine Antoine Rigaudeau. Ils étaient montés sur la troisième marche du podium”.

Depuis vos débuts jusqu’à aujourd’hui, comment a évolué votre fonction au Stade Malherbe ?

“Quand j’ai commencé, j’étais détaché deux demi-journées par semaine et j’assistais aux matches à domicile et aux décrassages. A l’époque, ce dispositif était novateur, car mon prédécesseur n’agissait qu’à la demande. Aujourd’hui, ma présence est beaucoup plus importante avec quatre demi-journées correspondant aux séances pour assurer les soins avant, pendant et après. Sur les rencontres à d’Ornano, je suis désormais épaulé par le Dr Cyril Bellot qui gère les décrassages. Il est arrivé en juin 2007 à mon retour quand nous avons restructuré le service médical. Depuis juin 2010, il est également responsable de la cellule médicale du centre de formation. Le fait d’avoir deux docteurs permet d’assurer une présence quasi-quotidienne”.

“Des installations médicales adaptées à la pratique du haut niveau”

Pouvez-vous nous donner votre avis sur les installations du SM Caen du point de vue médical ?

“Par rapport au domaine sportif, nous n’avons pas à nous plaindre. Notre structure est adaptée à la pratique du haut niveau avec des salles de soins pour les docteurs, les kinés. Nous disposons aussi d’un jacuzzi et d’un sauna pour le chaud. Nous pouvons également faire du froid avec de la glace pillée à volonté. Maintenant, en recherchant vraiment dans le détail, nous pourrions être un plus performant sur l’aspect balnéothérapie”.

Dans quelles circonstances êtes-vous arrivé à l’AS Monaco ?

“Après 12 saisons à Malherbe (jusqu’en juillet 2003), on est venu me chercher. La direction monégasque souhaitait restructurer son service médical en recrutant un docteur adjoint. Elle a réalisé un audit, pris ses renseignements et mon nom est sorti du chapeau. Au sein du circuit français, les joueurs qui changent de club évoquent ce qu’ils ont connu précédemment à tous les niveaux y compris sur le plan médical. Et entre Caen et Monaco, les passerelles ont été nombreuses avec Franck Dumas, Xavier Gravelaine et Jérôme Rothen. C’est une proposition qui ne se refusait pas”.

En rejoignant le Rocher, aviez-vous l’impression d’effectuer un métier différent en vous occupant de joueurs disputant la Ligue des Champions ?

“Absolument pas. Je réalisais un travail identique, mais dans une dimension supérieure sur les plans athlétique et technique avec des joueurs disputant le haut du pavé en Champions League. La parole du médical était respectée de la même manière. Pourtant, les conditions n’étaient pas évidentes puisque le centre d’entraînement se trouvait en travaux. Toute l’année, nous avons utilisé des modulaires comme au Chemin Vert en début de saison à Caen”.

“A Monaco, mon quotidien était rythmé par le football”

A quoi ressemblait votre quotidien ?

“Comme je résidais à La Turbie, la commune qui abrite le centre d’entraînement monégasque, ma vie était organisée en fonction du football. Du coup, j’enchaînais maison, centre d’entraînement, aéroport, hôtel, match de septembre au 26 mai, date de la finale de la Ligue des Champions, quasiment sept jours sur sept. Mais je ne voyais pas ce rythme comme un inconvénient, car quand on adore ce que l’on fait, on ne compte pas son temps. Par contre, si j’y retourne un jour en vacances, je serais un très mauvais guide touristique. Je n’ai rien vu de la ville”.

Sur le plan sportif, quel est le plus beau souvenir de votre passage à l’ASM ?

“Le quart de finale retour de la Ligue des Champions contre le Real Madrid. Nous avions perdu 4-2 à Santiago-Bernabéu avec un but à la fin de Fernando Morientes pour Monaco. Au retour bien que nous soyons menés 1-0, nous l’emportons 3-1. Un scénario fantastique dans une ambiance incroyable très éloignée des standards habituels de Louis-II. Cette saison, l’équipe avait atteint la finale de la coupe d’Europe à Gelsenkirchen (en Allemagne) perdue contre le FC Porto (0-3)”.

Une anecdote vous revient en dehors du football ?

“L’hôtellerie de l’ASM. Que ce soit à domicile pour les mises au vert de veille de match instaurées par Didier Deschamps ou à l’extérieur, nous séjournions dans des complexes exceptionnels avec chacun sa chambre, joueurs et staff compris. Cela demande une sacrée intendance pour une délégation comprise entre 30 et 32 personnes”.

“MERCI À MA FAMILLE QUI M’A PERMIS DE RÉALISER CETTE CARRIÈRE”

Avez-vous conservé des liens avec des membres de l’ASM de l’époque ?

“Dans les quatre, cinq années qui ont suivi, je suis resté en contact avec Toto Squillacci, Julien Rodriguez, Pat Evra et Jérôme Rothen. Après, l’éloignement géographique nous a séparés”.

Un dernier mot…

“Je voudrais rendre hommage à ma famille, à ma femme et à mes trois enfants, qui supportent mon emploi du temps footballistique. Sans eux, je n’aurais jamais pu réaliser une carrière comme celle-là”.

*Référence à Boris Diaw, capitaine de l’équipe de France jouant au San Antonio Spurs en NBA aux Etats-Unis.

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