Qu'avez-vous éprouvé en foulant la pelouse de d'Ornano pour votre première apparition sous les couleurs caennaises samedi soir contre Dijon (victoire 2-1 du Stade Malherbe) ?
"Comme je n'avais fait qu'un seul vrai entraînement avec mes nouveaux coéquipiers, je ne m'attendais pas à figurer dans le groupe et encore moins à être titulaire. Mais je n'ai pas ressenti de pression. J'étais plus excité que stressé. Comme j'avais joué contre Marseille il n'y a pas si longtemps avec Domzale, je n'ai pas été spécialement impressionné par le contexte. J'avais découvert le stade contre Metz. J'avais assisté au match dans les tribunes. Samedi, j'ai adoré l'attitude des fans. Avec la victoire pour l'équipe et l'atmosphère qui régnait, ce fut une belle première".
Avec l'autorisation des dirigeants du Stade Malherbe, vous avez donc disputé le barrage aller puis le retour avec Domzale contre Marseille avant de venir à Caen…
"Je suis d'ailleurs très reconnaissant envers Caen de m'avoir laissé jouer ces deux matches. Domzale m'a toujours soutenu. Je voulais aider le club à mon tour. C'est la première fois qu'on allait si loin en Coupe d'Europe(1). C'était important de participer à l'aventure jusqu'au bout".
Comment se passe votre intégration depuis que vous avez posé vos valises en Normandie ?
"Les joueurs ont été super sympas avec moi. Comme il parle couramment anglais, Ivan (Santini) m'aide énormément. Il m'explique beaucoup de choses. Il me donne plein de conseils. On communique beaucoup ensemble. Je suis très heureux qu'il y ait un joueur dans le vestiaire issu de l'ex-Yougoslavie. Avec le staff ? Le coach parle un peu anglais, sinon Ivan me traduit. Qu'est-ce qui m'a marqué depuis mon arrivée ? Le centre d'entraînement. A Domzale, on avait qu'un ou deux terrains maximum. Ici, il est beaucoup plus développé".
Entre le départ de votre club formateur à la signature au Stade Malherbe en passant par votre baptême du feu avec l'équipe nationale de Slovénie…, votre carrière vient de prendre un sacré tournant ?
"Pour moi comme pour ma famille, ce fut une décision assez difficile de quitter Domzale. J'étais dans ce club depuis tellement longtemps. Tout s'est passé en deux semaines. Je préparais le barrage de la Ligue Europa contre Marseille et j'ai reçu ce coup de fil des dirigeants caennais. Du coup, il a fallu que je reste concentré sur mes matches tout en pensant aussi à mon avenir. Mais c'était un pas que je devais franchir pour faire faire un bond à ma carrière. Je ne regrette pas mon choix".
Est-ce que vous connaissiez le Stade Malherbe avant de vous y engager ?
"Non, pas spécialement. Mais à partir du moment où le club est rentré en contact avec moi, j'ai fait beaucoup de recherches sur internet, sur Transfermarkt... J'ai regardé des vidéos. J'ai posé des questions pour avoir des informations. J'ai discuté avec d'autres joueurs slovènes qui ont évolué en France auparavant, ils m'ont tous dit que ce serait une bonne chose pour ma carrière de venir ici. J'étais déjà en contact avec Benjamin Morel(2) sur Facebook. Il m'a dit beaucoup de bien du club. On va se voir prochainement. Pour un premier départ à l'étranger, Caen me semble être la destination idéale. Bien sûr, je vais avoir besoin d'un temps d'adaptation".
Cerise sur le gâteau, pendant la dernière trêve internationale, vous avez été appelé pour la première fois en équipe nationale de Slovénie…
"Je ne m'y attendais pas du tout, surtout aussi rapidement. Je pense que si je n'avais pas signé à Caen, je n'aurais pas été sélectionné. En tout cas, c'est un rêve d'enfant qui s'est réalisé. Jouer pour mon pays a toujours été mon objectif. C'est la première fois que je côtoyais des joueurs comme Jan Oblak (le gardien de l'Altetico Madrid) ou Josip Ilicic (le milieu offensif de l'Atalanta Bergame). D'habitude, je les regardais à la télé. Ce fut une excellente expérience. La Coupe du Monde en 2018 ? On a encore une petite chance de se qualifier(3), mais ça va être compliqué. Après notre défaite en Slovaquie, on doit battre l'Angleterre puis l'Ecosse (en octobre)".
(1)Pour atteindre le barrage de la Ligue Europa ; dernière étape avant la phase de poules, Domzale avait franchi auparavant trois tours préliminaires. Une aventure européenne débutée le 29 juin !
(2)Evoluant actuellement à Mondeville en N3, Benjamin Morel - formé au Stade Malherbe - a joué à Domzale en Slovénie lors de la saison 2014-2015 puis entre juin et septembre 2016.
(3)Actuellement troisième de son groupe éliminatoire, la Slovénie - à deux journées du terme - accuse un point de retard sur la Slovaquie, le deuxième. Dans la zone Europe, les premiers de chacune des neuf poules compostent leur billet pour le Mondial alors que les huit meilleurs deuxièmes disputent un barrage en matches aller-retour.
Patrice Garande, en conférence de presse après la victoire contre Dijon
"Il faut être un peu patient avec Jan"
"Pour une première avec nous, C'est presque normal que Jan ait éprouvé quelques difficultés. C'est un jeune joueur qui quitte pour la première fois son pays. Avant ce match, il n'avait fait que deux séances avec nous dont une de récup', car il revenait de sélection. Il parle très bien l'anglais, mais moi je le baragouine. Il n'a pas encore les automatismes. Le seul travail tactique qu'on a fait ensemble, c'est un montage vidéo de nos principes défensifs et offensifs traduit en anglais.
Il faut être un peu patient. Lui laisser le temps de prendre ses marques dans le groupe, mais aussi dans la vie. C'est un bon joueur. Il a de nombreuses qualités. Il peut jouer sur un côté ou derrière la pointe. C'est d'ailleurs le poste qu'il préfère. Quand il sera parfaitement intégré, ça laisse le choix pour des compositions différentes avec des profiles différents. En plus, il n'a pas eu de chance, car il a joué la mi-temps où on a affiché le moins de maîtrise depuis quatre matches".