On joue la 91'. Le Stade Malherbe est mené 1-0 sur la pelouse du Parc des Princes. A la lutte avec Serge Aurier, Vincent Bessat récupère le "cuir" à une quarantaine de mètres des cages parisiennes avant de s'effacer au profit d'Emmanuel Imorou. Décalé par le latéral gauche caennais, Jonathan Delaplace adresse un ultime centre poussé au fond des filets par un Ronny Rodelin coupant parfaitement la trajectoire du ballon. Un but qui fait basculer le club normand dans l'irrationnel.
En égalisant dans les arrêts de jeu face au Paris Saint-Germain, les "Bleu et Rouge" arrachaient leur maintien, laissant la place de barragiste à Lorient pour la suite que l'on connaît(1). "Ce fut un dénouement fantastique. Il y avait tellement de joie dans le vestiaire. On avait l'impression d'avoir remporté la Ligue des Champions. C'était un truc de fou", se remémorait Patrice Garande en conférence de presse ce lundi midi. "Ce n'était qu'un match nul. Mais pour nous, c'était comme si on les avait battus".
Sur le terrain ce 20 mai, Julien Féret est passé par tous les états au cours d'un dernier quart d'heure où il fallait mieux ne pas être cardiaque. "Lorsque le penalty de Ronny (Rodelin) est détourné par (Kevin) Trapp (75'), je me dis qu'on va aller en barrage", témoigne un capitaine caennais ouvrant la boîte à souvenirs. "Après, quand mon but est refusé (à la 87' pour un hors-jeu de position de Jordan Tell imaginaire), je suis dépité. Et puis, Ronny marque…".
Un parallèle à dresser avec l'année 2015
La décharge émotionnelle est violente pour le n°25 du Stade Malherbe, trop peut-être pour savourer à sa juste valeur la portée de cet authentique exploit. "Il y a eu tellement de choses qui se sont passées en nous les jours précédents, tellement de pression autour de l'équipe, tellement d'incertitudes avec, même, la possibilité de descendre en Ligue 2 que je n'ai pas ressenti d'euphorie. Tout est retombé. Et ce fut difficile à exprimer. On a été si surpris de cette fin. Le fait de s'en sortir comme ça, dans un match où tout le monde pensait qu'on s'inclinerait largement…".
Sept mois plus tard, que reste-t-il de cette soirée qui restera gravée à jamais dans le cœur des supporters "Bleu et Rouge" ? "Déjà, si on est en Ligue 1 aujourd'hui, c'est grâce à cet exploit. Pas seulement, mais en grande partie", se montre pragmatique Julien Féret. Mais le capitaine du SMC va plus loin dans son analyse. Pour lui, la première partie de championnat plus que réussie de la formation de Patrice Garande (au minimum 24 points à l'issue de la phase aller) trouve son point d'origine dans ce maintien héroïque.
"Beaucoup de choses se sont déclenchées à partir de ce match. Dans les têtes, ce nul obtenu contre Paris nous a fait énormément de bien", reconnaît l'ex-Rennais. "Est-ce qu'on peut dresser un parallèle avec notre année 2015* ? Pour moi, le positif amène du positif. On se rend souvent compte que quand on finit une saison positivement, celle qui démarre derrière est généralement bien meilleure". Ce ne sont pas les cinq derniers mois qui vont lui prouver le contraire.
(1)Battu par Troyes, le troisième de Ligue 2 (1-0, 0-0) en barrage, le FC Lorient sera relégué quelques jours plus tard.
(2)Lanterne rouge à la trêve de Noël en 2014, le Stade Malherbe avait réussi une "remontada" au cours du premier trimestre de l'année 2015 pour aboutir à un maintien conclu en 13e position. La saison suivante, les Caennais avaient réalisé quatre mois exceptionnels qui les avaient conduits à la deuxième place avant de finir l'exercice septième.
