Stéphane Nado, un breton parmi les vikings

Stéphane Nado, technicien français de 46 ans arrivé cet été au Stade Malherbe Caen, est le nouveau directeur du centre de formation. Ancien joueur passé par la Ligue 2, il a rapidement raccroché les crampons pour se tourner exclusivement vers la formation. Guingamp, Brest ou encore Marseille figurent parmi les clubs professionnels où Stéphane Nado a acquis une solide expérience. En posant ses valises à Caen, il nourrit de grandes ambitions pour le centre du Stade Malherbe, qui d’après lui n’a rien à envier aux autres clubs de l’hexagone. 

Stéphane Nado présent au quotidien auprès des joueurs du centre de formation pour suivre leurs évolutions
Stéphane Nado présent au quotidien auprès des joueurs du centre de formation pour suivre leurs évolutions

Après avoir débuté le football à Loudéac, petit club des Côtes-d’Armor, Stéphane Nado poursuit sa formation de jeune footballeur au Stade Briochin où il évoluera une dizaine d’années, avec en prime quelques matchs de Ligue 2. Mais alors qu’il espérait passer professionnel, il rebascule finalement dans le cursus amateur et joue quelques années pour les clubs de Vannes et de Pontivy. C’est finalement à l’âge de 29 ans qu’il décide de raccrocher les crampons pour se consacrer exclusivement à la formation. Contacté par Yvon Schmitt en 2002, il se voit proposer une place au sein du centre de formation de l’EA Guingamp. Trois années durant lesquelles il aura en charge les U17 et U19, avant de rejoindre le club rival, le Stade Brestois. Après cinq ans passés à la tête du centre de formation du « SB29 », il a l’opportunité de rejoindre un autre club pro d’envergure. Cette fois, Stéphane Nado quitte ses terres bretonnes et met le cap sur le sud : direction l’Olympique de Marseille. « Une expérience formidable dont je ne retiens que le positif, raconte-t-il. A Marseille, je suis passé dans une autre dimension. J’ai tout simplement appris ce qu’était un grand club, avec l’engouement et la passion, mais aussi et surtout l’exigence du très haut niveau. J’avais en charge l’équipe des U19 pendant deux ans et ça se passait très bien. Il était même convenu avec Vincent Labrune que je prenne la direction du centre de formation, mais suite à son départ cela a été remis en question. Je suis parti de Marseille fin 2016 en bons termes avec le club, et en ne retenant que le positif, comme toujours ». 

aucune hésitation pour rejoindre le stade malherbe

A l’été 2018, alors que le Stade Malherbe cherche un nouveau directeur du centre et Stéphane Nado un nouveau challenge, son nom revient plusieurs fois aux oreilles du directeur sportif, Alain Caveglia. « Je ne connaissais personne à Caen mais plusieurs personnes ont parlé de moi à Alain, comme Marc Rivoallan, Yvon Pouliquen, ou encore Vincent Labrune, avec qui j’étais resté en contact. Ils savaient bien que ça pouvait m’intéresser ». Quelques jours après, Alain Caveglia l'appelle pour lui demander de venir à Caen : « J’ai rencontré le Président Gilles Sergent, Alain Caveglia, Fabrice Clément…Ça s’est très bien passé. Quand ils m’ont proposé de rejoindre le Stade Malherbe, j’ai répondu oui sans hésiter ».

C’est donc en juillet que le Breton « pur beurre salé » - comme il se décrit avec humour - débarque en Normandie pour prendre ses fonctions de directeur du centre de formation. S’il reconnait aujourd’hui que « le club a encore besoin de se structurer », ses attentes en matières sportives se sont bien confirmées dès son arrivée. Après ses nombreuses expériences dans plusieurs clubs professionnels, son œil avisé constate que le club possède des solides atouts. « Il faut avoir voyagé un peu en France pour bien s’en rendre compte. Peu de clubs ont la chance d’avoir autant d’atouts. Il y a des éducateurs et des préparateurs physiques de qualité, et surtout en nombre. Les infrastructures évoluent, et c’est une chance d’avoir une fosse. On fonctionne aussi avec des gps pour toutes les catégories du centre. A tout ça, il faut rajouter la qualité de l’hébergement, la proximité des écoles, et le pôle de la vie au centre qui est un cadre idéal de travail. En cumulant toutes ces choses, je pense très sincèrement que le Stade Malherbe fait partie des deux ou trois clubs français qui ont le plus d’atouts pour réussir la formation des jeunes ».

le centre de formation du sm caen, une référence

Le rôle de directeur du centre de formation implique aussi forcément quelques tâches administratives auxquelles il ne peut échapper. Mais l’éducateur qu’il est reste trop attiré par le terrain pour s’en passer et participe à trois ou quatre séances par semaine, minimum. « Le cœur de mon métier, c’est le projet de formation et développement des joueurs. Ce qui m’intéresse, c’est essentiellement la proximité avec les joueurs et les éducateurs. Mon rôle principal c’est d’organiser les séances, de les structurer pour favoriser et créer les conditions de la réussite des joueurs, de leur évolution et de leur progression. Je dois aussi convaincre les éducateurs du projet que j’amène et de son bien-fondé ». 

Un projet qu’il décrit en fait, comme un « triple projet ». Sans vouloir se substituer aux parents, le Stade Malherbe a la responsabilité de faire grandir les garçons en leur inculquant des valeurs. Pour cela, le club fixe un cadre de vie en collectivité avec des règles à respecter. « Le triple projet, c’est : un projet de vie, un projet scolaire et un projet sportif. Notre but à tous, c’est que les garçons se sentent bien dans leur vie, au club et à l’école aussi, c’est très important. C’est comme ça qu’ils vont s’épanouir, et plus ils le sont, plus ils sont bons sur le terrain ». Parallèlement au projet sportif, les jeunes sont aussi encouragés à aller vers plus d’autonomie. Stéphane Nado apprécie le fait que les jeunes prennent un appartement dans le quartier de Beaulieu : « C’est la règle ici, aux alentours de leur majorité ils doivent d’avantage se responsabiliser et devenir autonomes. Le club a un partenariat avec une auto-école, et le permis de conduire aussi c’est important »

Avec tous ses outils à disposition, le nouveau directeur du centre de formation se sent dans l’obligation de réussir. Une réussite qui, d’après lui, peut prendre plusieurs formes. « Le but premier c’est d’emmener un maximum de joueurs vers l’équipe première, et un max dans le onze titulaire. Ça implique naturellement de sécuriser nos meilleurs éléments. La vraie réussite, c’est celle-là : c’est quand on garde nos meilleurs joueurs et qu’on les valorise ». Une valorisation sportive du joueur qui mettrait en lumière la qualité et la réputation du centre, et de toute l’entité Bleu et rouge, mais pas uniquement. Conscient des volontés du club de faire progresser l’équipe professionnelle par l’émergence de joueurs « maison », il n’occulte pas pour autant la dimension économique d’un projet à long terme. « Il faut comprendre que la vente d’un joueur peut parfois être stratégique. Un club professionnel, c’est aussi une entreprise, et le club doit se positionner dans cet enjeu stratégique. Mais cette valorisation économique ne peut intervenir qu’après une réussite sportive », insiste-t-il.

créer de la frustration chez les jeunes joueurs

Pour atteindre les performances que requiert le très haut niveau, l’équipe de formateurs s’appuie sur des valeurs sportives transmises au quotidien, à chaque entraînement. Sans être totalement « focus sur les résultats », il attend surtout des jeunes qu’ils développent constamment un esprit de compétition, tout le temps, tous les jours. Lui qui a formé certains joueurs devenus pro, dont quelques « minots » marseillais « pétris de talents ». Il se souvient par exemple de Maxime Lopez, à qui il arrivait parfois de quitter l’entraînement en pleurant. « Comme tous ceux qui sont arrivés dans l’élite, même jeune, c’était déjà un vrai compétiteur ! Le moindre jeu, il voulait toujours le gagner. Nous les formateurs, ça fait partie de notre job de trouver des astuces pour créer de la frustration chez eux, pour qu’ils aillent chercher des ressources. On peut par exemple démarrer un jeu avec une équipe en infériorité numérique, ou alors une des deux équipes démarre avec deux buts d’avance ». Autant d’étapes qui, selon lui, sont nécessaires au développement et à l’apprentissage du très haut niveau. Et dans ce projet malherbiste qui porte comme slogan « Normands et Conquérants », cet esprit de compétition et de dépassement de soi colle parfaitement aux souhaits des dirigeants et aux attentes des supporters.

Mettre les garçons en confiance, puis les sortir de leur zone de confort, c’est en somme la stratégie partagée par l’ensemble du centre de formation, et même au-delà. Fabien Mercadal et Fabrice Vandeputte, respectivement entraîneurs des pros et de la réserve, partagent cette même vision de développement des jeunes. Une relation de travail collectif largement facilitée par le fait que Stéphane Nado et Fabrice Vandeputte ont fait leur formation ensemble et se connaissent très bien depuis une dizaine d’années. Michel Audrain et Christophe Manouvrier, adjoint et préparateur physique de l'équipe première, font aussi partie des gens que Stéphane Nado a connus, à Lorient pour le premier, et à Marseille pour le second. De cette ambition commune naissent donc plusieurs projets. « On veut insuffler une dynamique de club en faisant travailler ensemble, les pros, la N3, les U19 et les U17. C’est quelque chose que l’on va faire de plus en plus régulièrement. C’est essentiel ! Ces passerelles entre les niveaux sont intéressantes parce qu’elles montrent aux jeunes le travail qu’il leur reste encore à fournir pour accéder au très haut niveau. C’est impensable que nos jeunes connaissent une année tranquille, avec que des entraînements faciles, surtout pour nos meilleurs joueurs. Donc pendant ces séances, on crée des conditions de jeu plus difficiles avec plus de vitesse, où il faut être encore plus réactif, lire le jeu plus rapidement, être meilleur sur la première touche…Tout ça stimule, donc forcément ils vont être obligés d’aller chercher des ressources qui sont essentielles pour être performants ».

Après Fred Guilbert et Jessy Deminguet, pour ne citer qu’eux, il faut donc s’attendre à moyen terme à voir d’autres visages passer de Venoix à d’Ornano, et pourquoi pas, prétendre à une place de titulaire. C’est en tout cas l’objectif premier et réaffirmé de Stéphane Nado. S’il est un peu tôt pour tirer un bilan de son action, le projet porté par le club semble déjà en bonne voie. L’état d’esprit et la qualité de jeu développée par certaines catégories de jeunes procurent satisfaction et nourrissent beaucoup d’espoirs. L’investissement quotidien des joueurs et des formateurs porte déjà ses fruits et les résultats s’en ressentent : les U17 repartent de l’avant en enchaînant les victoires à l’extérieur, les U19 sont quant à eux sur une dynamique impressionnante de six victoires de suite, et figurent en tête de leur championnat. 

Retrouvez chaque semaine sur le site, le programme détaillé des compétitions jeunes. Venez d’ores et déjà les encourager pour vous familiariser avec leurs visages, car c’est une certitude : parmi eux, se cachent les Vikings de demain.

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