Depuis près de quinze ans, il gère, nettoie et prépare les équipements des joueurs du SM Caen. Avant d'embrasser une retraite bien méritée, "la petite main" du groupe pro vivra, samedi soir face à Nancy, son dernier match comme intendant. Confidences intimes.
SES DEBUTS : "J'ai lâché l'horlogerie"
"Dans ma vie, le foot, c'est venu un peu par hasard. Plus jeune, j'y ai joué mais c'était surtout pour faire comme les autres. Il y a maintenant plus de 15 ans, j'accompagnais mon fils qui jouait en Poussins au Stade Malherbe. Au détour d'une conversation, j'entends Laurent Glaize dire que la personne en charge de l'entretien des terrains s'en va. Je dis alors à Laurent : si le club lui cherche un remplaçant, la place m'intéresse ! A l'époque, je possédais une horlogerie dans la Rue Caponière, j'avais des horaires de dingue et je gagnais très mal ma vie. Je n'ai pas hésité une seconde à tout lâcher et c'est ainsi que je suis devenu salarié du SM Caen."
L'INTENDANCE : "Tu es vite mis dans le bain..."
"Un peu plus tard, Daniel Jeandupeux qui était alors Manager Général du club m'a proposé de devenir intendant du groupe professionnel. Au début, c'est un métier qu'on a du mal à définir et, plus que tout, on ne se représente pas réellement le volume de travail que ça suppose. Mais tu es vite mis dans le bain. L'essentiel du job, c'est d'entretenir les fringues des pros. Avec le temps, j'ai pu m'apercevoir que c'est un boulot très sympa qui suppose d'être réactif, de le faire avec passion. Tu t'adaptes au rythme des matches. Les week-ends, les jours fériés, tu t'assieds dessus. Mais au final, ça devient vite une habitude et le jeu en vaut la chandelle."
LES JOUEURS : "Ils ont les boules de me voir partir..."
"Plusieurs joueurs, notamment au sein de l'ancienne génération, sont devenus de véritables amis. Je pense à Milos Glonek, Fabrice Catherine, Johan Gallon, Jimmy Hébert, Jean-Philippe Caillet... Je côtoie les joueurs au quotidien, mon bureau se situe à quelques mètres de leurs vestiaires. Pour accéder à mon bureau, je dois d'ailleurs passer par les vestiaires... Des liens naturels se créent. Je peux, par moments, être, pour eux, un confident. Il est évident qu'une relation de confiance se tisse au fur et à mesure du temps. A discuter avec eux, je me rends compte qu'ils ont, un peu, les boules (sic) de me voir partir. Ils ont du mal à se dire qu'à partir de dimanche, ils ne me verront plus dans le bureau d'à côté..."
LES SOUVENIRS : "Je me suis retrouvé dans des endroits mythiques"
"Grâce au foot et à mon métier, je me suis retrouvé dans des endroits mythiques. Même si, sportivement, l'épilogue fut raté, il n'empêche que la préparation de la finale de Coupe de la Ligue à Clairefontaine, c'était un moment fort qui reste gravé dans ma mémoire ! On a vécu, durant plusieurs jours, dans l'antre de l'Equipe de France. Il y avait les noms de Zidane, Djorkaeff, Blanc, Deschamps dans les vestiaires... Fantastique ! L'autre souvenir marquant, c'est le séjour de quatre jours sur la Côte d'Azur avant le dernier match de la saison 2008-09 à Nice. L'équipe était déjà maintenue et on avait passé une semaine extraordinaire. Ca représente forcément un souvenir très intense !"
ET APRES ? "J'ai envie de profiter à fond..."
"Si ça va me manquer ? Je n'en sais rien... Je ne peux même pas dire si je serai ému samedi soir à la fin du match... Probablement, mais je n'en ai pas la moindre idée. Aujourd'hui, j'ai envie de profiter de ma retraite, de me promener, de voyager. Je viendrai de temps en temps au stade, j'assisterai aux matches si je suis dans le coin, mais ma femme et moi prenons notre retraite quasiment en même temps, donc, on a quelques projets. J'ai 61 ans et demi et maintenant que je vais pouvoir organiser mon planning sans contrainte, j'ai envie de faire plein de choses, de profiter à fond. En plus, j'ai pu former, ces dernières semaines, Anthony, mon successeur. Le passage de témoin se fait, donc, naturellement."
