Directeur de Centre de Formation le plus jeune de France lors de sa nomination en 2005, l'ancien finaliste de la Gambardella est fidèle aux vertus de comportement qui lui sont chères. Rencontre.
SON ENFANCE : "Mon premier sport ? Le cyclisme sur piste..."
"Jusqu'à l'âge de 8 ans, j'habitais Saint-Denis, en région parisienne. Là-bas, le premier sport que j'ai pratiqué, ç'a été le cyclisme sur piste. Ensuite, mon père a été muté professionnellement à Caen et j'ai alors emménagé dans le quartier de la Pierre-Heuzé. Je me suis mis au foot un peu par défaut, car on ne savait pas qu'un club de cyclisme sur piste existait à Caen. J'ai donc suivi mon frère aîné qui pratiquait déjà et j'ai pris ma première licence dans le club de la Pierre-Heuzé."
SON PARCOURS DE JOUEUR : "Une finale de Gambardella"
"Après la P-H, je suis allé à Saint-Contest. J'y ai évolué durant une saison avant que l'ASPTT Caen - par l'intermédiaire de Pierre MARC - me recrute. Sous le maillot postier, je dispute plusieurs Coupes nationales. J-F. DOMERGUE, B. BROWN et G. LUNEL me remarquent et, à l'âge de 17 ans, je rejoins donc le SM Caen. Lors de la saison 1993-94, on atteint la finale de la Coupe Gambardella. Etudiant en Staps, je joue ensuite au football en parallèle, sous les couleurs de Mondeville, Cabourg ou Pont-Audemer."
LE COACHING : "C'est inscrit dans mes gênes..."
"Je n'ai jamais cessé de coacher. Je crois que c'est inscrit dans mes gênes. A 20 ans, j'ai obtenu le BE1 et à 23 ans, le DEF. A Cabourg et Pont-Audemer, j'étais éducateur. Au Stade Malherbe, j'ai entraîné toutes les catégories, sauf les U17 Nationaux et U19 Nationaux. En 1999, avec Antoine THEAULT, nous encadrons l'équipe championne de France Benjamins. Lorsque Guy DAVID est arrivé comme Manager Général, j'ai été son adjoint. A son départ, j'ai assuré l'intérim plusieurs mois avant d'être nommé entraîneur-adjoint de l'équipe réserve, aux côtés de Roger FLEURY. Un peu plus tard, j'ai dirigé cette équipe seul et à 29 ans, le Président Jean-François FORTIN et Franck DUMAS m'ont accordé leur confiance pour prendre les rênes du Centre de Formation."
SON POSTE : "J'ai tout à prouver dans ce milieu"
"La seule reconnaissance que je recherche, c'est celle du travail. Après, la notoriété et tout ce qui est accessoire, ça ne m'intéresse pas. J'ai tout à prouver dans ce milieu. Au Centre, notre projet se bâtit à trois, avec Laurent GLAIZE et Dany PAIN. On ne se prétend pas les champions du monde, mais au moins, on est solidaires et on travaille en cohésion. Si un gars passe pro, c'est qu'à la base, il a été recruté, qu'en parallèle, il a eu un vrai enseignement grâce au projet scolaire. Tout ça se construit en équipe, grâce à la collaboration de tous les éducateurs du Centre et grâce à la confiance que nous transmettent le Président, Franck DUMAS, Patrice GARANDE et Alain CAVEGLIA. Il ne faut jamais oublier que tu n'es qu'un élément de la chaîne. C'est ça, la vérité. C'est que ton épanouissement, tu le trouves dans la collectivité et le partage. Ce n'est pas idéaliste, c'est une réalité."
DES JOUEURS : "Quand Benoît COSTIL vient manger la galette..."
"Plus que les joueurs en eux-mêmes, ce sont surtout les parcours qui me plaisent. La trajectoire d'un mec comme Julien TOUDIC, c'est beau ! C'est la preuve que lorsque tu surmontes des difficultés, tu en ressors encore plus fort. HENGBART, ROTHEN, ZUBAR, MAWENE, SORBON... Pour tous ces gars-là, l'histoire aurait pu s'écrire différemment. Mais au final, ils ont su s'accrocher, nous faire confiance à un moment donné. Je suis également ravi lorsque je vois Benoît COSTIL venir manger, il y a quelques semaines, la galette des Rois avec les gamins du Centre. Ça prouve que les valeurs, ça compte. Que le relationnel qu'on a bâti et créé, ce n'est pas neutre. Ce qui me fait plaisir - au-delà d'une stricte réussite footballistique - c'est de croiser des mecs qui, depuis leur passage, s'épanouissent humainement. Quand tout passe, la seule chose qui reste, ce sont les valeurs qu'on t'enseigne."
SON CREDO : "Ils disent bonjour. Et alors ?"
"Ici, on te félicite parce que les gamins du Centre se déplacent pour dire bonjour et regardent dans les yeux lorsqu'ils serrent la main. Ça veut dire quoi ? Ça devrait juste être naturel. C'est choquant que ça surprenne. Depuis plusieurs années, le foot a changé parce que la société a évolué. Et c'est à nous en tant qu'adultes de nous adapter. Les repères de communication n'existent plus et agir dans l'affrontement, c'est contre-productif. Tu peux le faire à court terme mais à moyen ou long terme, tu vas dans le mur. Donc, c'est la pédagogie qu'il faut adapter. Il ne faut pas se leurrer, on n'entraîne pas actuellement comme on entraînait il y a dix ans. Pour moi, les adolescents d'aujourd'hui ne sont pas moins passionnés que nous l'étions à l'époque. C'est juste que la société est différente, que les repères sont peut-être moins simples à trouver. Dans cette situation, les adultes ont des réponses à donner."
LE SM CAEN : "Ma vie, je l'ai passée ici..."
"Ce club est atypique, exceptionnel. Je ne sais pas si je lui ressemble. L'essentiel, c'est surtout que je m'y sente bien. On ne va quand même pas se plaindre, on est des privilégiés. Avoir travaillé ailleurs plus jeune, ça me permet de mesurer la chance que j'ai. Il y en a pas mal qui aimeraient que leur passion soit aussi leur métier... Certaines rencontres ont eu une influence considérable. Humainement, des gens comme N. LARGUET, J-L. GASSET, G. DAVID, E. LASRY, J-F. FORTIN et F. DUMAS ont beaucoup compté dans mon parcours. Je vais avoir 37 ans, je suis arrivé au club en 1990. Ma vie, je l'ai passée ici. Et, franchement, elle est loin d'être déséagréable (sourire)... "
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