La phase aller, la moyenne de points, l'état d'esprit, ...
"Il y a des détails qui ne trompent pas"
Quel bilan tirez-vous à mi-parcours alors que le Stade Malherbe pointe à la quatrième place avec 30 points ?
"Il ne peut être que positif. Lors de ma causerie d'avant-match pour la réception de Paris, j'ai, d'ailleurs, remercié mes joueurs pour cette année fantastique. Durant cette première partie de saison, hormis le match à Bastia et la première période face à Nantes, nous avons toujours répondu présents au niveau de l'état d'esprit. Bien sûr, nous espérions mieux contre le PSG, mais je vais surtout m'attacher à retenir tout ce que nous avons accompli avant y compris lors des six premiers mois de cette année 2015. Je n'oublie pas que le point de départ de notre magnifique parcours remonte à janvier, à une époque où tout le monde nous voyait condamnés(1). Avec toutes les tempêtes que nous avons traversées, sur et en dehors du terrain, il s'est créé un état d'esprit depuis janvier. Aujourd'hui, il existe des liens entre les joueurs qui dépassent le cadre du foot. Nous sommes ressortis plus forts de ces épreuves".
Après avoir engrangé 21 points sur les dix premières journées, vous n'en avez récolté que neuf sur les neuf dernières…
"Je ne vois pas les choses de cette manière. Nous avions divisé cette première partie de championnat en deux phases distinctes de neuf rencontres. J'avais dit aux garçons qu'à l'issue de la première, on oubliait tout et on repartait de zéro. Je mets volontairement Paris à part. Pour nous, comme pour beaucoup d'autres clubs, quand la saison commence, nous nous fixons un objectif sur 36 journées et non 38, car contre le PSG, une des meilleures formations d'Europe, vous avez de grandes chances de ne rien prendre. Sur la première phase, nous avons pris 18 points et 12 sur la seconde. C'est loin d'être catastrophique".
Vous mettez beaucoup en avant le comportement irréprochable de votre groupe depuis le début de l'année. Pourtant, l'effectif de cette saison a été profondément modifié par rapport à celui de l'exercice précédent. Comment expliquer que cet état d'esprit ait perduré malgré ces nombreux changements ?
"Dès les premiers instants de la reprise, le 30 juin, quand j'ai vu le bonheur qu'avaient les anciens de se retrouver et la volonté d'intégrer les nouveaux le plus rapidement possible, je me suis dit que nous partions sur de bonnes bases. Bien qu'il faille toujours se méfier de ses premières impressions, j'ai découvert, lors du premier stage, un groupe soudé et uni, composé de garçons qui se mettent au service des autres. Il y a des détails qui ne trompent pas. Quand vous finissez une séance à midi et qu'à 14 heures, vous avez encore des joueurs dans les vestiaires en train de discuter, de rigoler, de parler de foot... Après, nos recrues ne nous ont pas rejoints par hasard. Il faut bien se rendre compte de l'impact qu'a eu notre exploit la saison dernière et, surtout, de la manière avec laquelle nous nous sommes sauvés avec la quatrième meilleure attaque et cette volonté perpétuelle de jouer vers l'avant".
Depuis janvier, un état d'esprit s'est créé au sein du groupe de Patrice Garande qui a perduré durant l'intersaison.
Le championnat, Les axes de progression, la fraîcheur physique...
"Notre banc doit redevenir une arme"
Etes-vous surpris par le classement à l'issue de cette 19e journée avec des équipes surprises comme la vôtre et Angers figurant dans le premier tiers alors que des grosses cylindrées du championnat (Lyon, Marseille, Bordeaux) se trouvent un peu en retrait ?
"Il ne faut pas se le cacher, nous n'avons volé aucun de nos points, mais si nous nous retrouvons à cette place, c'est aussi parce que d'autres qui possèdent le double ou le triple de notre budget voire même 10 M€ de plus n'y sont pas. Compte tenu de notre réalité économique, il faut tirer un grand coup de chapeau au travail réalisé par Alain (Cavéglia), Xavier (Gravelaine) et le président (Jean-François Fortin)".
Dans quel aspect du jeu, votre collectif doit-il s'améliorer pour franchir un cap ?
"Même si je ne suis pas un partisan de la possession pour la possession, nous devons progresser dans l'utilisation du ballon. Une meilleure maîtrise technique nous permettrait de le conserver sans prendre de risques, de souffler par séquences et de mieux gérer nos matches. Pour le moment, nous n'avons pas la confiance ni la maturité pour le faire. Après, nous ne devons pas tomber dans l'excès inverse".
Vous avez ressenti une certaine forme d'usure physique au sein de votre groupe ?
"Il existe forcément un peu de fatigue, mais pas plus que chez les autres équipes. Après, quand je vois les performances de certains éléments, ça serait mentir de dire qu'ils n'ont pas été en difficulté sur le plan physique. Maintenant, je souhaiterais que notre banc redevienne une arme avec une concurrence plus accrue sur quelques postes. J'aimerais que des garçons m'empêchent un peu de dormir. Certains acceptent trop leur situation. Ils doivent essayer de bousculer la hiérarchie".
Pour franchir un cap, l'équipe normande doit, selon Patrice Garande, progresser dans l'utilisation du ballon.
La phase retour, Les objectifs, le mercato...
"Aucun titulaire ne partira en janvier"
Au regard de vos résultats, nourrissez-vous des ambitions plus élevées pour ce championnat ?
"Nous restons sur la même idée : à savoir être encore en Ligue 1 la saison prochaine. Si nous y arrivons, nous verrons à quel moment cela interviendra et, en fonction de cette date, quels nouveaux objectifs nous pourrons atteindre. Maintenant, bien que nous occupons le quatrième rang à mi-parcours, rien n'est garanti compte tenu des écarts assez faibles. Tout peut aller très vite dans un sens comme dans l'autre. Si nous perdons deux matches de rang à la reprise, nous pouvons très bien nous retrouver dixième. C'est pourquoi, au-delà de la place qui ne signifie pas grand-chose, ce qui m'intéresse en priorité, c'est le nombre de points d'avance dont nous disposons sur le premier relégable. Je ne parle pas volontairement de maintien, car pour moi, c'est un objectif trop réducteur qui signifierait juste que nous voudrions éviter les trois dernières positions. Et je ne veux pas que nous nous fixions de limites dans nos ambitions, à condition qu'elles soient réalistes".
Pensez-vous votre équipe capable de garder un rythme comparable après la trêve hivernale ?
"Nous serons fixés dès la reprise. Si nous revenons avec un état d'esprit identique, je ne me fais aucun souci. Mais, surtout, il ne faut pas changer de comportement. Qu'on gagne ou qu'on perde, nous devons toujours mettre les mêmes ingrédients au niveau du contenu, du comportement, de nos principes. C'est pourquoi, je suis plutôt content d'avoir tiré un gros morceau avec l'OM en 32e de finale de la Coupe de France. Ainsi, nous rentrerons directement dans le vif du sujet. De toute façon, un calendrier compliqué nous attend avec un déplacement ensuite à Angers avant de recevoir, de nouveau Marseille en championnat".
Comment envisagez-vous la seconde moitié de saison ?
"Par expérience, après la trêve, c'est un nouveau championnat qui commence. Je pense que janvier et février constitueront les tournants de la saison avec un mercato qui peut changer beaucoup de choses. Et nous sommes bien placés pour le savoir(2). Les grosses écuries du championnat qui n'ont pas réalisé une première partie à la hauteur de leurs ambitions vont bouger. Chez certaines formations, quatre-cinq joueurs peuvent arriver. Après, il y a un mercato que nous allons subir avec certains de nos joueurs qui vont faire l'objet de sollicitations. Il faudra que tout le monde ait bien la tête sur les épaules pour ne pas se laisser perturber par cette situation. Toutefois, le discours du club a été clair. Aucun titulaire ne partira. Et ce ne sont pas que des paroles. Nous sommes passés aux actes à l'image des prolongations déjà entérinées alors que d'autres annonces devraient intervenir prochainement(3). C'est un message que nous envoyons aux autres clubs. A l'exception de Ronny (Rodelin) qui est prêté, tous nos joueurs possèdent des contrats de longue durée avec nous. C'est confortable, car nous pouvons travailler sur la durée".
Alors qu'un calendrier compliqué attend Caen en championnat à la reprise, Patrice Garande se réjouit d'avoir hérité de l'OM en 32e de finale de la Coupe de France. "Nous rentrerons directement dans le vif du sujet".
(1)Sur l'année 2015, le Stade Malherbe a engrangé 61 points soit le cinquième meilleur total en Ligue 1 derrière le PSG (96), Monaco (71), Lyon et Saint-Etienne (62).
(2)Lors du précédent mercato hivernal, Mathieu Duhamel, Florian Raspentino et Jean-Jacques Pierre avaient quitté le Stade Malherbe respectivement pour Evian, Dijon et Angers. Dans le sens inverse, Emiliano Sala et Nicolas Benezet étaient arrivés en Normandie en prêten provenance de Bordeaux et Evian. Deux éléments qui avaient pris une part prépondérante dans le maintien du SMC.
(3)En fin de contrat tous les deux en juin, Rémy Vercoutre et Alaeddine Yahia ont respectivement prolongé jusqu'en 2018 et 2017. Dans une situation contractuelle similaire, Julien Féret et Nicolas Seube pourraient les imiter prochainement.
