Alain Cavéglia : "Priorité aux joueurs confirmés de L1"

Entre ceux où il se déplace, ceux qu'il regarde à la télévision ou encore en différé à la vidéo, difficile de quantifier le nombre de matches qu'Alain Cavéglia (48 ans) s'ingurgite chaque mois. Lui-même avoue ne pas le savoir. Autant de rencontres observées, supervisées, décortiquées afin de dénicher les futurs N'Golo Kanté. Alors que le chapitre de la Ligue 1 version 2015-2016 s'est refermé il y a quelques semaines, le directeur sportif du Stade Malherbe depuis septembre 2011 évoque, entre autres, dans cette longue interview, le prochain mercato (9 juin-31 août), le renforcement de la cellule de recrutement et le rôle des jeunes pousses issus du centre de formation.

Malgré le départ de Marco Rivoallan à Lorient, Alain Cavéglia, ici, avec Patrice Garande, va disposer avec l'arrivée de Bernard Maraval et d'une seconde personne dans le courant de l'année 2016 d'une cellule de recrutement renforcée.
Malgré le départ de Marco Rivoallan à Lorient, Alain Cavéglia, ici, avec Patrice Garande, va disposer avec l'arrivée de Bernard Maraval et d'une seconde personne dans le courant de l'année 2016 d'une cellule de recrutement renforcée.

La saison dernière, le club normand s'était montré particulièrement actif pendant le mercato avec dix renforts(1) sans compter la signature des premiers contrats "pros" pour 13 départs. Doit-on s'attendre à un marché des transferts similaire cet été ?

"Normalement non. Je pense que ça sera raisonnable autant du côté des arrivées que des départs. Notre priorité est d'engager sur des postes clés, que nous avons ciblés en amont, des joueurs rompus à la Ligue 1. Après, un club comme le Stade Malherbe doit rester à l'affût des très bonnes opportunités en Ligue 2 à l'image de Pape Sané que nous avons fait signer dès janvier sans oublier, bien entendu, de regarder auparavant ce que nous avons dans notre centre de formation. Nous voulons un effectif plus riche en qualité, pas spécialement en quantité".

"avant de recruter, regardons ce que nous avons chez nous"

Au regard du profil des éléments que vous pistez, le Stade Malherbe devra-t-il se montrer patient durant le mercato ?

"Oui, déjà par rapport à tout ce que nous avons dit précédemment puis à cause de l'Euro. Tant que le Championnat d'Europe (10 juin-10 juillet) n'est pas terminé, les "gros" ne bougeront pas. Et s'ils ne bougent pas, les "petits" non plus, car c'est un jeu de chaises musicales. A chaque fois qu'il y a une grosse compétition internationale, le marché est au ralenti".

La grande difficulté pour ces éléments d'expérience, c'est que vous vous retrouvez en concurrence avec des clubs comme Guingamp, Lorient ou Toulouse qui disposent d'une surface financière supérieure à la vôtre…

"Pour un joueur, si sa préoccupation n°1, c'est l'aspect financier, il ne viendra jamais à Caen. Par contre, le Stade Malherbe qui essaye de pratiquer un bon football même si on ne réussit pas tout le temps jouit d'une excellente image dans le football français. C'est un atout en plus, mais ça ne suffit pas pour convaincre un joueur de signer. Nous devons être plus réactifs que les autres, bien expliquer notre projet avec la création d'un centre d'entraînement. Ça peut faire pencher la balance, car certains joueurs sont sensibles au fait d'être au départ d'une aventure".

L'exemple de N'Golo Kanté passé par la Normandie et qui explose, aujourd'hui, aux yeux du football français avec son titre de champion d'Angleterre avec Leicester et sa sélection avec les Bleus pour l'Euro 2016 en France peut-il constituer un argument supplémentaire ?

"Il ne faut pas se voiler la face. A ce niveau de son développement, le Stade Malherbe qui aspire à s'installer durablement en Ligue 1 peut servir de tremplin dans une carrière. Mais ce qui est vrai chez nous se vérifie également ailleurs : à Toulouse, à Lorient… Nous sommes tous sur le même pied d'égalité. Ce n'est pas argument décisif".

"des retombées positives pour tous les joueurs que nous avons transférés"

En cas de transferts lors du prochain mercato de N'Golo Kanté ou de Thomas Lemar, des éléments que vous avez vendu l'été dernier, le Stade Malherbe touchera-t-il un pourcentage ?

"Il peut y avoir des retombées positives pour tous les joueurs que nous avons transférés, pas seulement "NG" ou Thom', mais aussi Raphaël Guerreiro et M'Baye Niang. Après, nous ne comptons pas dessus, car nous ne savons pas si ces opérations vont se réaliser et quand elles vont se réaliser. Ce sera éventuellement une bonne surprise".

Pouvez-vous nous détailler le processus de recrutement d'un joueur ?

"Avant de déterminer le profil des garçons qui nous intéressent, nous regardons ce que nous avons chez nous que ce soit chez les professionnels ou à la formation. Ensuite, nous assistons à une rencontre de chaque équipe de Ligue 1, Ligue 2 et National avant la fin octobre. En France, nous pouvons superviser un joueur jusqu'à une dizaine de fois dans différents types de contextes : à domicile, à l'extérieur, dans un match facile, difficile, dans une période faste, quand il se trouve dans le dur. Nous prenons aussi des renseignements sur son état d'esprit. Après, à moins d'une pépite, nous n'envisageons pas de recruter en National. Nous préférons puiser dans notre centre de formation".

Comment avez-vous vécu le départ de Marc Rivoallan qui travaillait à vos côtés au niveau du recrutement ?

"Marco a eu une offre de Lorient (au cours de cette saison). C'est un Breton, il s'en va dans un club breton, je peux l'accepter même si je suis très déçu par son départ. C'est moi qui l'avais embauché au club à mon arrivée en 2011. Le lien passait très bien entre nous, entre lui et Patrice (Garande)".

"très déçu du départ de Marco Rivoallan à Lorient"

Pour le remplacer, vous avez fait appel aux services de Bernard Maraval…

"C'est quelqu'un que je connais depuis très longtemps, car nous avons évolué à Sochaux ensemble où il avait un poste très important de responsable de la cellule de recrutement. Par rapport à Marco, il va nous apporter son réseau. Après, comme Marco, Bernard a une double mission. En priorité, il va superviser nos adversaires et rédiger des rapports pour Patrice et son staff puis, en fonction du match de Ligue 1 auquel il assiste, il va observer des joueurs sur des rencontres de L2, de National...".

Cette cellule de recrutement est-elle appelée à s'étoffer dans un avenir proche ?

"Dans le courant de l'année 2016, nous allons enrôler une seconde personne qui se consacrera à 100% au recrutement. Il devra disposer d'un réseau et aura déjà travaillé dans d'autres clubs. Il scrutera la France, mais prospectera aussi à l'étranger sur des marchés ciblés comme le Portugal, la Belgique, la Suisse, les pays nordiques…".

A l'image de Saidi Ntibazonkiza et d'Issam Ben Youssef, vous aviez, pourtant, déjà réussi un ou deux coups hors de nos frontières…

"C'était par l'intermédiaire de mon réseau. Je les connaissais avant. Aujourd'hui, on nous propose plein de joueurs au potentiel intéressant que nous n'avons pas le temps de superviser. Il faut se déplacer, les voir plusieurs fois et pour cela nous avons besoin de moyens humains supplémentaires, car je me refuse à prendre des joueurs uniquement sur vidéos. Avec l'arrivée de Bernard plus cette seconde personne, je pense que le club va avancer".

"Tous les jeunes qui ont signé pro font partie intgérante de l'effectif"

Est-ce que des prêts sont envisagés pour les jeunes éléments qui ont signé leur premier contrat professionnel cette saison ?

"Il faut savoir qu'à la reprise, les trois jeunes qui ont signé leur premier contrat "pro", Jean-Victor Makengo (membre du groupe professionnel depuis le mois de novembre), Yann Karamoh et Valentin Voisin, reprendront avec le groupe de Patrice. Ils font partie intégrante de l'effectif 2016-2017. Ils ne seront pas prêtés. Les contrats qu'ils ont signés sont mérités. Ce n'est pas pour faire joli. Maintenant, c'est à eux de saisir leur chance".

A l'image de Cheik Traoré cette saison, peut-on envisager le prêt de certains éléments encore trop tendres pour la Ligue 1, mais qui ont fait leurs preuves en CFA2 ?

"Comme Cheik, d'autres joueurs, dans une situation similaire, pourraient être prêtés à Avranches. Nous souhaitons vraiment perpétuer ce rapport entre les deux clubs. Que ce soit avec leur président, Gilbert Guérin, et leur entraîneur, Damien Ott, nous entretenons d'excellentes relations avec Avranches. C'est important d'avoir un club de National à côté de chez nous où nous pouvons prêter des joueurs, où ils s'expriment et où nous pouvons constater leur évolution que ce soit moi ou Patrice. Je pense que ça l'est aussi pour Avranches. Par rapport à notre réserve qui évolue, aujourd'hui, en CFA2 et notre équipe première en Ligue 1, le National constitue un palier intermédiaire très intéressant".

(1)Libre de tout contrat, Saidi Ntibazonkiza s'était engagé à la mi-septembre.

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