
De Chimène Badi à Stone et Charden
Lorsqu’on vit toute l’année sous des températures à faire passer le bermuda pour une norme vestimentaire, certaines dispositions climatiques passent pour des œuvres de fiction. Non, amis supporters niçois, les paysages composés de vertes prairies où paissent des vaches blanche et noire, de quelques falaises abruptes, d’un vent frais venu de l’ouest et d’une eau qui ne dépasse les 20 degrés qu’au moment où vous vous baignez à proximité d’une colonie, ne servent pas uniquement de décor à Broadchurch : ils forment bien les charmes inégalés de la Normandie.Il y a fort à parier qu’après un long voyage en bus à écouter « Je viens du Sud » et en découvrant la complexité du ciel local (les circonvolutions des nuages, les nuances de bleu et de gris…), les visiteurs se sentiront de nouveau en vacances. Il faut savoir une chose quand on vient en Normandie : on comprend tout de suite que l’exotisme ne se situe pas nécessairement sous les tropiques. Passés les derniers péages de l’A13, et face à la splendeur bucolique du Pays d’Auge, les Azuréens ne résisteront alors plus à l’envie d’allumer Nostalgie et à pousser la chansonnette sur un air « Made in Normandie ». Le décor est planté.
Des airs de camping
Ah, les délices des plages pleines de sable et de périodes de repos sur sa serviette de bain sans devoir se badigeonner le corps toutes les deux minutes avec de l’écran total ! Le visiteur est alors totalement acquis à la cause locale, et la sanction ne se fait pas attendre : un bain de pieds dans la Manche, une moules-frites à Cabourg et on arrive en touristes à d’Ornano le samedi soir, en short-polo-claquettes, en oubliant la petite brise marine qui vient caresser les corps délassés le soir venu. Résultat : les défenseurs ne décrochent pas la caravane, les attaquants sont raides comme des piquets et ne tentent rien, et les Niçois sont finalement cueillis à froid… La taxe de séjour peut s’avérer salée, surtout face à des Caennais capables de voir le vent tourner à tout moment. Pour les Normands, dont le but est de ne pas rester béats devant la beauté du paysage, l’objectif pourrait être tenu : rester le plus studieux possible jusqu’aux premières heures de septembre, en potassant un peu chaque jour leurs cahiers de vacances et en déroulant les connaissances au moment des premières interrogations.
A la fin du week-end, le nouvel entraîneur azuréen, pris par les charmes du camping-caravaning de Colleville-Montgomery, s’adressera à toutes les équipes qui, au contraire de la sienne, auront pris leurs premiers points de la saison, l’air débonnaire, une main posée sur une hanche trônant au-dessus d’un slip de bain échancré du plus bel effet : « Alors, on attend pas Patrick ? ». Et oui, le risque quand on pose ses congés après le 15 août, c’est de constater à son retour que les premières réunions sont passées, que toutes les bonnes missions ont déjà été distribuées et de prendre conscience qu’on va s’ennuyer un peu jusqu’à l’automne. Alors l’envie prend naturellement d’ouvrir son téléphone et de dérouler ses photos de vacances : le vert des prairies, le jaune du sable, le gris du ciel, le blanc et le noir des vaches, le bleu et le rouge du Stade Malherbe. Ah oui, c’est sûr, en Normandie, on sait passer de bonnes vacances !