
Cinq minutes de réalité alternative
Mardi dernier, soir de report de la 18e journée de championnat, quelques minutes après 21h. Evens Joseph tente une dernière incursion dans la surface toulousaine. Sa chevelure dorée s’écroule alors, avant qu’une première histoire de bras ne commence. Ceux de Diakité, en l’air, pour protester le coup de sifflet de Monsieur Gautier, comme pour tenter de rattraper une réalité qui, déjà, s’échappe devant lui. Ceux de l’homme en noir, ensuite, dessinant un rectangle dans le vide, vide qui s’ouvre en même temps sous les pieds de toute la communauté malherbiste. S’en suit une réflexion de cinq minutes, peut-être les plus longues de notre première partie de championnat. Cinq minutes dans la réalité alternative de l’écran consulté par Monsieur Gautier, cinq minutes où nous aussi nous regardons les panneaux du stade, notre télévision ou que nous rafraîchissons anarchiquement les applications de notre téléphone. Cinq minutes où le football se perd un peu plus dans les méandres médiatiques, dans les vérités virtuelles qui orientent le sport, et plus encore le jeu, vers une hyperréalité. Cinq minutes à fantasmer les décisions et ce qui en découlerait, à imaginer que le sort pourrait se retourner contre nous ou à l’inverse se fendrait d’un sympathique clin d’œil. Cinq minutes suspendues, puis rompues par une frappe du droit, à mi-hauteur, réalisée dans une position presque « zidanesque » du plus « zidanien » des Malherbistes. Cinq minutes irréelles ramenées ensuite à la plus triviale, mais aussi à la plus belle des réalités, lorsque Faycal nous rappelle que la « pression n’existe qu’au bar ». Les pieds sur terre, les ballons dans les filets. Doux moment de poésie naturaliste.
Foot champagne
Revenus à la réalité, il semble maintenant important pour les Bleu et rouge de valider les bonnes dispositions psychologiques perçues ces dernières semaines, celles qui affichent de manière ostentatoire à tout le public caennais qu’ils n’ont rien lâché. Caen n’a plus perdu depuis trois matchs à l’extérieur, prenant successivement des bons points à Bordeaux (0-0), à Angers (1-1) et à Strasbourg (2-2). De son côté, Reims, huitième à la faveur des nombreux reports de matchs, semble à la fête, avec une seule défaite lors des cinq derniers matchs. Les Rémois sont déjà prêts à sabrer le champagne et à savourer leur première partie de championnat. N’hésitons pas, de notre côté, à amener notre connaissance, maintenant efficiente, des réalités alternatives, pour relancer définitivement notre saison. Les bulles, les boules, lâchons-les aux locaux le temps des 90 minutes, pour mieux s’emparer du ballon. Il sera alors temps de décompresser et de nous laisser porter par une autre réalité, elle aussi alternative : celle de l’imaginaire de Noël.