Les étoiles en plein midi
Bien souvent, un 32ede finale de Coupe de France est, pour une équipe de Ligue 1 qui vient de connaître quinze jours de trêve et alors que s’annoncent déjà les joutes hebdomadaires, une épreuve qu’on pourrait qualifier, sans fausse pudibonderie, de casse-gueule. Perdre à ce stade de la compétition, c’est en effet se couper d’une bouffée d’air pur, voire de la saveur d’une épopée et de beaux moments de fraternité pour tout un club ; devenir la cible d’un affreux petit poucet risque de grever le moral des joueurs pour les semaines à venir, et de figurer au rang des victimes d’un football qui, malgré la toute-puissance du professionnalisme, s’amuse parfois à rappeler les dures lois du sport du côté des belles règles du jeu. Pour les "rouge et bleu", toutes les vérités de la Coupe de France viendront probablement s’entrechoquer samedi. Bien évidemment, le maintien reste une priorité que tous, joueurs, staff et supporters, ne sauraient sacrifier pour quelques tours de gloire. Mais son histoire récente, en même temps que le nombre restreint d’aventures à l’échelle des 105 ans du club, rendent encore plus attractifs ces moments exceptionnels qui dessinent, à chaque match remporté, les contours d’une équipée collective de premier ordre. De la même manière, si le Red Star est tout sauf un petit poucet de la compétition, il n’en reste pas moins un adversaire en difficulté en championnat (20ede Ligue 2) à la portée des Normands, et qui revendique un football populaire, à l’ancienne diront même certains. Mais la convergence de tous ces facteurs ne saurait en rien charger les Caennais d’une pression superfétatoire : ils doivent juste se dire que tous les éléments sont réunis pour un dernier week-end de fête avant la rentrée.
Étoiles filantes
De la fête, faisons honneur, surtout, à celle que nos hôtes de samedi nous proposeront très certainement. Pour le Red Star, il est devenu trop rare ces derniers mois d’accueillir ses adversaires dans son antre historique de Bauer, et ainsi d’offrir à ses plus fidèles supporters un peu de son quotidien en Ligue 2. Il est donc fort à parier que les 3 000 spectateurs présents sauront faire tout ce qui est en leur pouvoir pour embraser le match. Il sera alors important de se mettre à leur hauteur, que les voix qui empliront l’avenue du Docteur Bauer, qui caresseront le comptoir de l’Olympic Bar, qui résonneront sous les tôles et se fracasseront sur les immeubles attenants, qui donneront un peu de couleurs aux quelques murs décrépits et iront jusqu’à s’immiscer dans les minuscules allées des puces, que les chants entreront en écho avec un spectacle sportif digne de la compétition. Le match sera alors l’occasion d’un hommage à un autre football, celui de la Coupe de France qui marie professionnels et amateurs, celui d’une autre époque où les Audoniens raflaient tous les titres, celui d’années encore plus lointaines, au cours desquelles un certain Eugène Maës faisait les beaux jours du club francilien, avant que la Grande Guerre ne le porte jusqu’en Normandie, pour la suite que l’on sait. Car aussi éloignées que sont les destinées actuelles du Stade Malherbe Caen et du Red Star FC, il n’en reste pas moins que les histoires restent indéfectiblement liées. Parions que les travées de Bauer et les vingt-deux acteurs sauront nous le rappeler.