
Amiens vaut mieux que trois tu l’auras
Quand la victoire nous échappe, il convient de se rattacher à ce qu’une passe difficile peut procurer de meilleur. Et quand s’annonce un match aussi important que le déplacement à Amiens, il paraît essentiel de rappeler ce qui constitue, au milieu des sombres déceptions, les raies de lumière les plus éclatants, même s’ils ne brillent pas plus qu’une lueur d’espoir. Dans les faits, la victoire à Bastia, face au plus gros des petits poucets que la Coupe de France pouvait certainement mettre sur la route de Caennais, nos Bleu et rouge ont su faire le plus dur, emporter la qualification, tout en ne ployant pas sous la pression d’un scénario qui semblait pourtant donner sa faveur aux Corses. Dans ces circonstances, les joueurs ont su affronter l’adversité pour se donner le droit de rêver dans une compétition dont la magie s’appuie notamment sur les plus jolis espoirs. Quand, ensuite, s’annoncent des épreuves périlleuses, il est louable, pour se regonfler à bloc, de se souvenir des meilleurs instants. La réception d’Amiens, à la fin du mois de septembre dernier, avait rimé avec la première victoire à domicile, pour donner un peu plus de teneur au bon été que les Caennais avaient passé dans leur contrée. Si loin, si près… Dans ce contexte, et face à un concurrent direct pour le maintien, tout bon score serait vécu comme un résultat positif : dans ce cas précis, prendre des points signifierait en subtiliser aux autres.
Pour que la pensée fasse un tour
Dans son grand roman, Louis-Ferdinand Céline, traumatisé par l’expérience guerrière, se confronte à l’absurdité du monde, pour finalement répondre par la puissance de la lâcheté. Pour les Caennais, faire mentir le « grantékrivin », ses accents dépressifs qui retirent aux héros le droit d’exister, comme d’autres ont attendu le « grantatakan », sera la plus belle des réponses. Nous, fans de football, nous y croyons encore. Nous y croirons toujours. Parce que le football n’est pas une guerre, il est un combat, dont l’insistante possibilité d’un acte héroïque anime en même temps imaginaire et réalité. Peut-être pas le plus noble des combats, mais celui qui ne laisse souffrir aucune envie de se débiner. Celui propre finalement à la bagatelle la plus sérieuse du monde qu’est le ballon rond.