
Né à Oullins, dans la banlieue lyonnaise, est-ce que vous suiviez les performances de l'OL quand vous étiez plus jeune ?
"Quand j'étais gamin, j'allais voir tous les matches à Gerland. J'ai vécu les grandes épopées lyonnaises de l'époque même si elles n'ont rien de comparables avec celles sous le président Aulas. J'ai assisté, notamment, à Colombes à la finale de la Coupe de France contre Rennes (en 1973). L'OL avait perdu 1-0".
Dans ce contexte, comment se retrouve-t-on au centre de formation de Saint-Etienne ?
"A l'époque, j'évoluais au CASCOL Oullins, l'un des meilleurs club de jeunes de la région et avec Lyon, les choses ne se sont tout simplement pas faites. Il faut savoir que nous ne pouvions signer un contrat aspirant qu'à partir de 16 ans. Ensuite, j'ai été sollicité pour réaliser un essai à Saint-Etienne que j'ai rejoint. Et là, j'ai découvert un club, un environnement et une ferveur incroyable. J'ai été baigné là-dedans. On peut dire que je suis un Stéphanois d'adoption".
Vous étiez aux premières loges pour vivre les aventures européennes et, notamment, la finale de la Coupe des Clubs Champions en 1976…
"L'un de mes souvenirs les plus marquants de mon passage au centre de formation des "Verts", c'est un lever de rideau, à l'âge de 14 ans, avec les cadets pour un match de Coupe d'Europe contre les Glasgow Rangers à Geoffroy-Guichard (huitième de finale en 1975). Nous avions été encouragés comme les "pros". Avec la Coupe Paul-Nicolas (équivalent de la Coupe de France pour les cadets), nous disputions beaucoup de levers de rideau".
Pourquoi ne pas avoir poursuivi à l'ASSE à la fin des années 1970 ?
"Je n'ai pas été gardé. Il faut dire que la concurrence était forte avec l'arrivée de Michel Platini et les présences de Laurent Roussey, Laurent Paganelli. Mais je n'ai pas complètement coupé les ponts avec les "Verts" puisque j'ai suivi Hervé Revelli, l'un des plus grands avant-centres français, qui coachait en première division suisse (au CS Chênois)".
Vous retrouvez votre club formateur en 1987 avec lequel vous évoluez pendant deux saisons. C'est le début de votre association avec Philippe Tibeuf avec lequel vous étiez surnommés les "Dupond et Dupont"…
"C'est Jean-Michel Larqué, lors d'un reportage pour Stade 2 je crois, qui est à l'origine de ce surnom. Il ne manque jamais une occasion de me le rappeler. Avec Philippe, nous formions une doublette très prolifique. Nous avions des caractéristiques différentes, mais extrêmement complémentaires. Nous avions tourné le sujet avant un match contre l'Olympique de Marseille. Nous avions passé un bon moment même si, au final, nous avions perdu 2-0".
Que retenez-vous de ce second passage chez les "Verts" sous les commandes de Robert Herbin où vous avez, entre autres, fini deuxième meilleur buteur du championnat avec 17 réalisations ?
"C'est la période qui m'a le plus marqué sur le plan émotionnel. C'était un rêve qui se réalisait. En tant que joueur, je n'ai jamais retrouvé les mêmes conditions d'épanouissement qu'à Saint-Etienne avec ce soutien autour de l'équipe, cet engouement à domicile comme à l'extérieur et y compris pendant nos entraînements, avec ces supporters très chauds. J'avais besoin de ça".
A cette époque, vous martyrisiez les défenseurs et, notamment, Christophe Galtier, votre homologue stéphanois qui défendait les couleurs de Lille…
"Avec Christophe, sans véritablement se connaître, nous entretenons un bon feeling. Nous avons un respect mutuel l'un pour l'autre. J'apprécie son travail. C'est un garçon avec qui j'aime bien discuter. Nous partageons une passion commune pour Saint-Etienne, lui, de l'intérieur et moi, aujourd'hui, de l'extérieur".
Après toutes ces années, est-ce toujours particulier de revenir dans le "Chaudron" de Geoffroy-Guichard ?
"Oui, forcément. Je connais bien l'hôtel où nous allons séjourner, je n'habitais pas loin de l'aéroport d'Andrézieux sans oublier le stade avec ce qu'il génère comme émotions. Quand j'étais joueur, il n'avait pas la même configuration qu'actuellement. Je me rappelle qu'il fallait traverser les tribunes pour aller s'échauffer sur un terrain à côté de Geoffroy-Guichard. J'ai toujours entretenu une relation particulière avec ce public. A domicile, nous nous sentions imbattables même si cela ne nous a pas empêché d'en perdre quelques uns (rires)".
Est-ce que vous connaissez encore du monde dans les rangs stéphanois ?
"Quand j'arrive, je recroise toujours des visages connus. Le président Roland Romeyer était, d'ailleurs, déjà présent. Dans le staff de Christophe Galtier, je vais recroiser son adjoint Thierry Oleksiak avec qui j'ai joué. C'était son père, Jean, qui nous entraînait chez les cadets ".
- L1. J28 - Saint-Etienne (4e) / SM Caen (7e), dimanche 28 février à 17 heures au stade Geoffroy-Guichard.
Patrice Garande

- Né le 27 novembre 1960 (55 ans) à Oullins (Rhône).
- Entraîneur du Stade Malherbe depuis le 1er juillet 2012.
- Parcours de joueur (attaquant) : Saint-Etienne (1975-1979), CS Chênois (SUI, 1979-1980), Orléans (D2, 1980-1981), Auxerre (1981-1986), Nantes (1986-1987), Saint-Etienne (1987-1989), Lens (D2, 1990-1991), Montpellier (1991-1992), Le Havre (1991-1992), Sochaux (1992-1993), Bourges (D2, 1993-1994).
- Parcours d'entraîneur : SM Caen (adjoint, 1995-1998), Cherbourg (CFA puis National, jan 1999-2004), SM Caen (depuis 2005, adjoint jusqu'en 2012 puis entraîneur principal).
- 156 buts en 454 matches.
- International français (1 sélection) et olympique (7 sélections).
- Palmarès : champion olympique en 1984, meilleur buteur du championnat de France 1984 avec 21 réalisations.