
Il a connu les galères et les moments de doute. Aujourd'hui, il est le gardien titulaire d'une équipe malherbiste qui n'a pas pris un but depuis 4 matches. Damien PERQUIS se raconte.
Damien, comment est née ta passion pour le football ?
Comme beaucoup d'enfants de mon âge, j'ai commencé à jouer à l'école et dans la rue avec les copains. Je suis né à Saint-Brieuc puis j'ai vécu quelque temps à Quimper. A l'âge de 6 ans, j'habitais Rennes et j'ai pris ma première licence de football, au sein du Cercle Paul-Bert.
Déjà comme gardien de but ?
Oui. En réalité, je n'ai jamais joué sur le terrain. J'ai toujours été goal. Faut dire que j'étais un enfant un peu enrobé... A cette époque, courir, ce n'était vraiment pas mon truc... Alors, je suis allé dans les buts et j'y suis resté. Dès le début, ce poste m'a plu. J'ai toujours aimé plonger un peu partout... Ensuite, après avoir fait un régime et suivi les conseils d'une nutritionniste, j'ai pu intégrer le Pôle de Pré-Formation de Ploufragan en classe de 4e.
A l'adolescence, tu attires l'attention des recruteurs du Stade Rennais...
Au Pôle de Pré-Fo, je m'entraîne tous les jours. Rennes me repère et je signe là-bas. Forcément, c'est impressionnant car le Stade, c'est le club-phare ! Ce qui est amusant, c'est que je passais d'un "petit" club où on gagnait rarement à un club où on ne perdait jamais. Quand t'es gamin, ça te marque ! C'était, pour moi, une nouvelle façon d'aborder les matches...
GOURCUFF, Brest et le coup de main d'ELANA...
Parmi les joueurs que tu as côtoyés à Rennes, lesquels t'ont le plus impressionné ?
Dans la promo 1985, il y avait FATY, BOURILLON, MVUEMBA. Chez les "87", LEMOINE qui, aujourd'hui, joue à Saint-Etienne. Et, dans ma propre génération "86", MARVEAUX, DANZE et GOURCUFF. Yoann a toujours été très bon, tu sentais que le mec avait beaucoup de talent... Lui, c'était une évidence, il allait sortir pro ! Après, ce qui surprend toujours, c'est que j'ai joué à Rennes avec des mecs presque aussi talentueux que Yo qui ne sont jamais passés en pro. Car la vérité entre 15 et 18 ans n'est pas la même qu'entre 20 et 23 ans...
A l'âge de 18 ans, Rennes choisit de ne pas te garder. Comment réagis-tu à cette décision ?
C'est une déception car, dans ma tête, il y avait ce rêve de gosse de passer pro. C'est avec cet espoir que je bossais en formation. Le staff de l'équipe CFA et l'entraîneur des Moins de 18 ans en décident autrement. Selon eux, je n'ai pas le niveau pour passer... Par connaissance, j'atterris à Brest. J'arrive là-bas par la petite porte, ils me font jouer avec les 18 ans DH. Au bout de 6 mois, le gardien n°3 de l'équipe de Ligue 2 s'en va et je prends sa place. Je fais deux saisons et demi comme n°3 à Brest, derrière HEURTEBIS et CHAURAY d'abord, puis ELANA et LACHUER ensuite.
Comment s'achève ton aventure dans le Finistère ?
A 21 ans, j'envisage de passer pro. Et Pascal JANIN qui vient d'arriver au club me fait savoir que, selon lui, je ne jouerai jamais plus haut que la CFA2. Je n'ai pas les qualités pour. Ça fout les boules mais Steeve (ELANA) et Julien (LACHUER) me filent un sacré coup de main. Ils connaissent le manager de Beauvais, Alexandre CLEMENT, avec lequel Steeve a joué à Caen. Le hasard fait qu'il cherche un gardien. Je fais l'essai là-bas et ils me prennent comme doublure. Au bout de 13 matches, je deviens titulaire dans les buts de l'équipe principale en National.
"Si j'avais échoué à Beauvais, il aurait fallu passer à autre chose..."
Beauvais, c'est un tournant dans ta carrière ?
En signant à Beauvais, je jouais ma dernière carte. Si j'avais échoué là-bas, je me serais dit qu'il fallait passer à autre chose. Il aurait fallu tirer un trait définitif sur le foot de haut-niveau, arrêter de penser que je pouvais passer pro. Il y avait finalement beaucoup de pression. Beauvais, c'est un très bon souvenir dans ma carrière. J'ai joué les deux tiers de la saison de National, j'ai accumulé les matches. Ça m'a permis d'acquérir de l'expérience.
A l'été 2008, pourquoi choisis-tu le Stade Malherbe ?
Trois propositions s'offraient alors à moi mais Malherbe était le club qui me permettait de signer un contrat professionnel. Dans mon plan de carrière, Caen, c'était super ! Après, tout a toujours été très clair. On m'a dit, dès le départ, que je serais le numéro 3. Je savais où je mettais les pieds. C'était à moi de travailler au quotidien pour progresser et saisir ma chance, si elle venait à se présenter.
Qu'est-ce qui est le plus compliqué à vivre lorsqu'on est doublure ?
Le danger, c'est qu'on prend goût très vite à jouer les matches. Ce qui manque le plus, c'est tout l'engouement qui existe autour d'une équipe première... Les dirigeants, les supporters, les médias : ça représente un contexte, une vie autour du match qui fait qu'on s'y habitue. C'est un métier qu'on fait par passion et, forcément, c'est plaisant lorsqu'il y a des attentes et que ça véhicule une forme d'adrénaline... Quand tu es doublure, t'as évidemment des moments de doute, tu vis parfois des semaines plus compliquées que d'autres. Mais, moi, je me répétais souvent que bosser dur, c'était le salut et que subir, ça ne ferait pas avancer les choses...
"Ça y est, le chat noir est bien mort..."
En janvier 2011, contre Lyon en Coupe de France, tu te blesses en fin de match. Un an plus tard, tu dois déclarer forfait à l'échauffement face à Troyes. Tu te dis alors que le sort s'acharne ?
A ce moment-là, je suis plutôt fataliste. Contre Lyon, se blesser quand on a peu l'habitude de jouer, ce sont des choses qui peuvent arriver... Contre Troyes, j'ai un peu le sentiment que les vieux fantômes de l'année d'avant reviennent... Mais, à la fois, c'est un peu comme si la boucle était bouclée. Je me dis : "ça y est, cette fois, le chat noir est bien mort..." J'avais toujours en moi une part d'optimisme et d'espoir.
Avec le recul, tu as le sentiment que ce parcours atypique fait de toi un footballeur différent ?
J'ai sûrement une approche différente de celle des footballeurs que j'ai fréquentés à Rennes et qui, dès l'âge de 15-16 ans, avaient un chemin tracé. Mais je crois que c'est surtout une question de caractère et de mentalité. Si j'avais été un "branleur" au départ, je le serais resté (sic). Peu importe le chemin que j'aurais pris... J'ai grandi dans un contexte structuré et ça m'a beaucoup aidé. Footballeur pro, c'était mon rêve de gosse. Et je me suis toujours accroché à ça. Aujourd'hui, je suis titulaire dans une équipe de Ligue 2 et ma seule préoccupation, c'est d'être le plus sérieux possible pour rendre la confiance qui m'a été accordée par ce club.
- Damien PERQUIS, 26 ans. Gardien de but. Il a disputé, en intégralité, les 15 rencontres de Ligue 2 depuis le début de saison. Il sera bientôt l'heureux papa d'un petit garçon, attendu dans les jours à venir.