Cette semaine, nous célébrons les 20 ans de l'unique participation du SM Caen à la Coupe d'Europe. Chaque jour, un témoin privilégié se souvient. Aujourd'hui : Joël GERMAIN.
20 ans après, que reste-t-il de la double-confrontation face à Saragosse (3-2, 0-2) ?
Plein de formidables souvenirs. Dans une vie de footballeur, jouer la Coupe d'Europe, c'est un moment magique. Surtout pour nous qui, à Caen, n'imaginions jamais vivre ça... Pour moi, ça reste le meilleur moment de ma carrière. J'y repense encore très souvent. Et savoir que 20 ans après, on en parle toujours, ça me touche aussi...
Qu'est-ce qui, à l'époque, faisait la force de cette équipe ?
On était une vraie bande de potes. On passait notre temps libre les uns chez les autres. On s'invitait à manger, on partageait plein de moments hors-foot. Et, sur le terrain, ça créait une base très solide sur laquelle on s'appuyait pour renverser nos adversaires. Il y avait du cœur dans cette équipe, mais pas que ça... Il y avait aussi du talent. Notre duo d'attaque Gravelaine-Paille était extraordinaire. Les deux étaient complémentaires et faisaient très mal aux défenses adverses.
"Venoix ? Rien que d'en parler, j'en ai les frissons..."
On dit toujours que, face à Saragosse, Malherbe était le Petit Poucet. C'était la réalité ?
A l'époque, Saragosse figurait parmi les 3 ou 4 meilleures équipes d'Espagne et avait déjà participé de nombreuses fois à la Coupe d'Europe. Nous, on venait de nulle part... Sur le plan européen, on était totalement inconnus. On découvrait l'univers de la Coupe d'Europe, avec l'insouciance d'une équipe qui ne sait pas trop ce qu'elle fait là mais qui a envie de montrer qu'elle n'y est pas par hasard. Et ce qui est hallucinant, c'est que, sur le match aller, on n'a pas été du tout impressionnés. On a quasiment sorti le match parfait !
Venoix vous transcendait ?
Dans le chaudron, on était très difficiles à bouger. La communion avec les supporters était, tout simplement, extraordinaire. Il n'y a qu'à voir les images pour s'en persuader. Le soir de Saragosse, le public était en liesse, Venoix était en feu. Rien que d'en parler, j'en ai les frissons... C'était l'une de nos premières saisons en Ligue 1, Malherbe était tout neuf parmi l'Elite. Les gens savaient qu'on était en train d'écrire la plus belle page de l'histoire du club et s'identifiaient à nous.
"On y allait pour ne pas prendre une valise..."
Ne pas être passé, c'est forcément un regret ?
Au départ, on y allait surtout pour ne pas prendre une valise. Mais à l'aller, on a largement dominé le match qu'on mérite de gagner beaucoup plus largement. Ce qui fait mal, c'est qu'on a eu plein d'occasions et qu'il y a sûrement faute sur Philippe (MONTANIER) lors du deuxième but espagnol. Au retour, c'était encore autre chose...
C'est-à-dire ?
Sur plusieurs faits de jeu, l'arbitrage a clairement été en notre défaveur. Le trio arbitral n'était probablement pas en pleine possession de ses moyens... Je me souviens notamment de Faouzi ROUISSI, notre attaquant tunisien, qui avait été signalé deux fois hors-jeu alors qu'il était parti de son propre camp. Il était très rapide et, ce jour-là, il était sans doute trop rapide pour l'arbitre de touche...
Pour terminer, il y a eu un avant et un après Caen-Saragosse dans votre vie ?
Probablement. Quand tu es joueur, disputer la Coupe d'Europe, ça change ta vie. Je suis content de l'avoir vécu à Caen, un club qui a particulièrement marqué mon parcours. Ce qui me réjouirait encore plus, c'est que le Stade Malherbe goûte à nouveau, d'ici quelques années, à une compétition européenne. Car c'est un super club que j'ai gardé dans mon cœur.
En bref. Joël GERMAIN évoluait au poste de latéral gauche. Suite à la blessure d'Yvan LEBOURGEOIS, il était entré en jeu en première période lors du match aller et avait également participé au match retour. Aujourd'hui âgé de 47 ans, il entraînait le Bayeux FC, il y a quelques mois. Il vit désormais près d'Orléans.
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