Johan GALLON : "Malherbe, c'est le club de mon cœur"

Istres-Caen, ça lui cause forcément... Le joueur formé au Stade Malherbe occupait encore des fonctions techniques au sein du club provençal, il y a quelques semaines. Avant le choc de vendredi, on a donc passé un coup de fil à Johan GALLON.

Johan, Istres-Caen, ça vous parle ?

C'est l'affrontement entre les deux principaux clubs de ma carrière. Malgré tout, les deux n'ont pas la même importance, il n'y a pas de comparaison. Istres est un club qui m'a beaucoup apporté, comme joueur puis dans ma reconversion. Mais Caen, c'est ma vie. C'est là où j'ai grandi. J'ai signé ma première licence à Malherbe à l'âge de 11 ans. Il y a des trucs qui ne s'oublient pas.

Que représente le SM Caen dans votre vie ?

Enfant, mes parents tenaient un commerce dans le quartier de la Demi-Lune, on vivait à Ifs dans l'agglo. Malherbe, c'est le club de mon cœur, celui qui, plus tard, m'a permis de transformer ma passion en profession. Tu fais du foot et c'est ton métier, t'es payé pour ça : c'est un truc de dingue quand on y repense ! Moi, c'est grâce à la confiance des entraîneurs et des dirigeants de ce club que j'ai pu avoir ce privilège. Dans une vie, ça compte !

Quand vous repensez au Stade Malherbe, quelles images vous reviennent ?

D'abord, mes débuts en pro lors d'un match de D2 à Troyes. Aussi, je suis récemment venu voir Caen - Le Mans à D'Ornano. D'un seul coup, j'ai repensé à un but que j'avais inscrit contre Laval dans ce stade. J'étais parti de mon camp, j'avais dribblé plusieurs mecs et j'avais fini en lobant le gardien à 20 mètres. Brutalement, je m'y suis revu ! Ça m'a fait bizarre...

"Caen n'a pas encore trouvé son rythme de croisière"

Avez-vous l'occasion de recroiser certaines personnes du club ?

Oui, car, en plus, je suis revenu vivre dans la région caennaise cet été. Dernièrement, j'ai croisé Arturo SAMASSA et Pilou MOKEDDEL. Ça m'a fait très plaisir de les revoir. Je suis aussi en contact régulier avec Patrick LEGUEDE, qui a récemment pris sa retraite d'intendant. Pat', c'est un ami !

Comment analysez-vous le début de saison des Malherbistes ?

J'apprécie énormément ce que Patrice GARANDE a mis en place. Son équipe est spectaculaire, crée du jeu et va de l'avant. Ce n'est pas si fréquent en L2... A mon sens, Caen n'a pas encore trouvé son rythme de croisière. Il y a eu des blessés, des suspendus et ce n'était pas évident de trouver ses repères. Cette équipe va encore progresser et, lorsqu'elle sera à bloc, elle sera très dangereuse.

Quelles sont, selon vous, les chances d'accession du SMC en fin de saison ?

Sur le potentiel et les qualités des joueurs de cette équipe, il n'y a pas photo, Malherbe est largement capable d'accrocher la montée. L'ennui, c'est qu'en Ligue 2, tout est compliqué. Quand t'es favori dans ce championnat, tu te coltines, chaque week-end, une équipe qui veut, à tout prix, te taper (sic). C'est du combat ! Et, parfois, s'il n'y a pas l'investissement suffisant, tu peux perdre des points qui te coûtent cher à la fin...

"Istres ? Beaucoup d'insouciance dans cette équipe"

La saison passée, vous côtoyiez à Istres un certain Laurent AGOUAZI. Pouvez-vous nous parler de lui ?

C'est un joueur très précieux. Laurent a l'expérience du niveau, il est capable de stabiliser l'équipe. Il a généralement beaucoup d'influence auprès de ses partenaires, c'est un élément qui a fait beaucoup de bien à Istres la saison passée. A Caen, cela semble être identique. On voit la différence quand il est là et quand il est absent.

Avant la rencontre de vendredi, quelles différences faites-vous entre Istres et Caen ? Qu'est-ce qui sépare ces deux clubs ?

Il y a un monde d'écart entre les deux. Malherbe a misé sur des joueurs confirmés pour viser la remontée. Istres a dû dégraisser, a perdu plusieurs éléments majeurs et a choisi de faire confiance aux joueurs issus du Centre de Formation. Ils ne visent que le maintien et les retrouver aussi haut dans le classement après 9 journées, c'est surprenant.

Qu'est-ce qui fait la force d'Istres en ce début de saison ?

Il y a beaucoup d'insouciance dans cette équipe. Pour l'instant, ça rigole, donc l'équipe prend confiance et accumule les bonnes performances. Quand t'as des jeunes, ça peut aller très vite dans un sens comme dans un autre. Après, quand je regarde l'effectif, je retrouve pas mal de joueurs qui évoluaient, sous ma direction, en réserve ces dernières saisons. Mais, le joueur qui passe de DH à Ligue 2, ça doit faire bizarre et ça se verra sûrement au fil de la saison. Istres peut surprendre mais, selon moi, sera trop "court" pour jouer l'accession.

"Parsemain ? C'est tout sauf un stade de foot..."

De quoi les Caennais devront-ils se méfier vendredi ?

Ils devront faire attention lorsqu'ils auront la possession du ballon. Car, s'ils perdent la balle, ils seront tout de suite en danger. Dès que ça récupère, ça va très vite à Istres, surtout dans les couloirs avec des mecs qui provoquent et sont intenables balle au pied. Istres devrait laisser le ballon à Caen et Malherbe devra, à la différence de son dernier match contre Tours, marquer quand il en aura l'opportunité. De toute façon, ce qui est certain, c'est que, compte tenu de sa supériorité dans le jeu, lorsque Caen réussira à être plus efficace, il gagnera ses matches très facilement.

Parsemain est un drôle de stade. Comment on arrive à l'appréhender ?

C'est tout sauf un stade de foot. Il est situé à Fos-sur-Mer et ce n'est donc pas très pratique pour que les gens d'Istres viennent voir l'équipe. C'est un stade où tu n'as, très souvent, que 1 000 personnes dans les gradins. Ca ne donne pas très envie de se mettre dedans... En plus, les architectes se sont un peu trompés, il a été bâti dans le mauvais sens. Ce qui fait que, lorsqu'il y a du Mistral, c'est une catastrophe...

Johan GALLON en bref. Né le 10 avril 1978 à Caen. Joueur du SM Caen de 1989 à 2001. Passé pro en 1997. Joueur du FC Istres de 2006 à 2009. Directeur du Centre de Formation et Entraîneur de l'équipe réserve d'Istres de 2010 à juin 2012.