Le contexte
Un choc entre les deux équipes les plus en forme de L1
Après deux saisons de purgatoire en Ligue 2, le Stade Malherbe retrouve l'élite avec toujours Franck Dumas aux commandes. A la suite d'un début de championnat catastrophique (cinq revers lors des sept premières journées pour un nul et un succès), les Caennais redressent la barre en s'adjugeant cinq victoires pour trois nuls et un seule défaite.
10e à la veille de recevoir l'OL, les coéquipiers de Nicolas Seube restent sur une semaine faste en ayant corrigé les Girondins de Bordeaux à d'Ornano 5-0 puis en ayant signé le premier succès de leur histoire au Parc des Princes, 1-0 face au PSG (l'unique encore à ce jour). Sur les neuf journées précédentes, les "Bleu et Rouge" récoltent 18 points sur 27 possibles. Sur cette même période, seul Lyon fait mieux.
Sextuple champion de France en titre, les Gones se présentent, de leur côté, en Normandie en solide leader de la Ligue 1 (cinq longueurs d'avance sur Nancy, son dauphin), mais avec les regards déjà braqués vers la Ligue des Champions. Pour le compte du sixième et ultime match de la phase de poules, les hommes d'Alain Perrin, quatre jours plus tard, disputent une rencontre décisive face aux Ecossais des Glasgow Rangers où la victoire est impérative. Un rendez-vous d'une si grande importance que Jean-Michel Aulas, afin de ménager ses troupes, demande le report de cette confrontation auprès de la LFP. Une requête rejetée par les instances du football français.
Le match
Caen : les yeux dans les yeux avec l'OL
Pour cette affiche de gala, Franck Dumas décide de faire confiance aux joueurs invaincus depuis trois journées à une exception près ; Rémi Gomis étant préféré dans l'entrejeu à Nicolas Florentin. Son homologue lyonnais procède, lui, comme attendu à un large turnover dans la perspective de la Champions League en laissant, entre autres, Juninho, Karim Benzema et Sydney Govou sur le banc.
Après avoir été éliminés par les Gones en 8e de finale de la Coupe de la Ligue (1-3), les Caennais ont retenu la leçon. Timides un mois auparavant face au même adversaire, les Malherbistes bousculent l'ogre rhodanien dès les premières minutes. Alors qu'une précédente alerte survient dès la 6', Yoan Gouffran profite d'un cafouillage dans la surface de réparation entre Sébastien Squillaci et Jérémy Toulalan pour tromper à bout portant un certain… Rémy Vercoutre qui gardait les cages de l'OL (1-0, 18').
A partir de cet instant, le SMC ne cédera plus un pouce de terrain, s'imposant presque logiquement aux dépens d'une formation lyonnaise loin de se trouver dans un grand soir. "Nous avons fait jeu égal avec Lyon", analysait, justement, Vincent Planté, intraitable dans ses cages. "Il faut louer notre état d'esprit, y compris ceux qui sont entrés en jeu. Je pense que nous n'avons rien volé".
La réaction
Rémy Vercoutre : "D'Ornano ne réussit pas à Lyon"
"Même si nous avions l'ambition de l'emporter en arrivant à d'Ornano afin d'emmagasiner de la confiance, ce match de Ligue des Champions à Glasgow trottait forcément dans un coin de nos têtes. Du coup, nous ne nous trouvions pas dans les meilleures dispositions pour aborder cette rencontre. D'ailleurs, ça s'est vu dès les premières minutes où nous avons souffert dans l'agressivité, dans l'engagement", se souvient Rémy Vercoutre.
Un revers qui n'avait pas empêché, 96 heures plus tard, le gardien et ses coéquipiers gones de composter leur billet en 8e de finale de la "coupe aux grandes oreilles" grâce à un succès 3-0 à Ibrox Park. "Une des ambiances les plus folles et les plus indescriptibles que je n'ai jamais connue en Coupe d'Europe".
Grégory Coupet, le titulaire du poste, victime d'une rupture des ligaments croisés en début d'exercice, l'actuel portier du Stade Malherbe avait assuré l'intérim avec brio durant six mois. "Les dirigeants m'avaient accordé leur confiance", rappelle le n°1 du SMC qui revient sur cette incroyable série du club du président Jean-François Fortin à domicile face à l'OL (9V-2N-2D en Ligue 1). "Certains stades n'ont jamais réussi à Lyon. D'Ornano en fait partie au même titre que le Stadium à Toulouse. J'en ai bénéficié la saison dernière en me trouvant dans le bon camp (rires)*".
La suite de la saison
Le Stade Malherbe en état de grâce
Dans la foulée d'avoir fait tomber les Gones, la bande à Franck Dumas enchaîne deux nouvelles victoires avant la trêve de Noël au détriment de Rennes (2-1) et Strasbourg (2-0) portant sa série à quatre succès de rang et à six sorties consécutives sans défaite (5V-1N). Entre le 24 novembre, soir de la démonstration contre Bordeaux, et le 22 décembre, ultime match de la phase aller, le Stade Malherbe gagne 12 positions au classement, passant de la 16e à une incroyable 4e place !
La seconde moitié de championnat sera nettement moins aboutie ; les "Bleu et Rouge" attendant près de trois mois pour regoûter à la victoire (30e journée, contre Monaco, 4-1, le 22 mars). Au cours d'une fin de saison tranquille où ils n'ont rien à craindre ni à gagner, le club normand termine en 11e position. Un classement qui reste à ce jour le meilleur du SMC en première division depuis l'inauguration de d'Ornano en 1993.
Qualifié, donc, pour les 8e de la Champions League à l'issue de leur succès à Glasgow, l'OL est éliminé de justesse à ce stade de la compétition par Manchester United (1-1, 0-1), le futur vainqueur. Bien que concurrencés en Ligue 1 jusqu'à la dernière journée par Bordeaux, les Lyonnais enchaînent un septième titre d'affilée, un record en France. Cerise sur le gâteau, en soulevant la Coupe de France pour la première fois depuis 1973, ils réalisent le premier doublé coupe-championnat de l'histoire du club.
*Référence au succès 3-0 du Stade Malherbe la saison dernière aux dépens de l'OL lors de la 36e journée avec Rémy Vercoutre dans les cages caennaises.
Saison 2007-2008 - 17e journée - Samedi 8 décembre
SM Caen - Olympique lyonnais 1-0
Stade Michel-d'Ornano - 20 664 spectateurs.
Mi-temps : 1-0.
Arbitrage de M. Alain Hamer.
But : Gouffran (18').
Avertissements : Jemaa (84') à Caen ; Keita (44'), Juninho (77'), Cleber Anderson (91'), Réveillère (91') à Lyon.
- SM Caen : Vincent Planté (g) - Cédric Hengbart, Brahim Thiam, Jérémy Sorbon, Nicolas Seube (cap) - Grégory Proment - Rémi Gomis, Anthony Deroin (Elliot Grandin, 79'), Juan Eduardo Eluchans (Nicolas Florentin, 66') - Yoan Gouffran (Issam Jemaa, 82'). Remplaçants : Benoit Costil (g) - Florina Boucansaud, Oumar N'Diaye, Julien Toudic. Entraîneur : Franck Dumas.
- Lyon : Rémy Vercoutre (g) - Anthony Réveillère, Sébastien Suqillaci, Cleber Anderson, Nadir Belhadj - Jérémy Toulalan (cap), Kim Källström (Karim Benzema, 67'), Mathieu Bodmer - Abdul Kader Keita (Sydney Govou, 67'). Remplaçants : Frédéric Roux (g) - François Clerc, Fabio Grosso, Loïc Rémy. Entraîneur : Alain Perrin.
