SM Caen - Paris SG : l'interview d'avant-match

Pour la première fois de son histoire, le Stade Malherbe a composté son billet pour le dernier carré de la Coupe de la France. Un stade de l'épreuve où le club normand recevra - mercredi soir - le Paris Saint-Germain à d'Ornano. Une qualification qui doit beaucoup à Ismaël Diomandé. Déterminant en 1/8e en égalisant durant la prolongation face à Metz, l'international ivoirien (25 ans) a été le héros du quart de finale contre Lyon en plaçant un coup de tête décisif sous la transversale d'Anthony Lopes. Son repositionnement en défense centrale, l'évolution de son statut au sein de l'effectif caennais, ses souvenirs du Stade de France…,  le n°4 des "Bleu et Rouge" est revenu sur tous ces thèmes, et bien d'autres, dans cette longue interview.

48 heures avant de défier le Paris Saint-Germain, avez-vous pris conscience de l'importance de votre but en quart de finale aux dépens de Lyon (1-0) dans l'histoire du Stade Malherbe ?

"Pas spécialement même si pendant la dernière trêve internationale, mes coéquipiers de la sélection (ivoirienne) m'ont félicité. Idem quand je croise des supporters à Caen. Je savais que le club n'avait jamais franchi ce cap des quarts de finale dans son histoire. Ça va rester dans un coin de ma tête. Depuis que je suis là, je n'ai pas beaucoup joué, mais si vous remarquez bien, je suis toujours présent sur les gros matches. Et pour moi, ils en valent cinq (sourire)".

"Je ne savais pas qu'on affronterait le SG. Je ne savais pas que le tirage avait eu lieu"

Le tirage au sort des demies ayant été effectué juste avant votre confrontation contre l'OL, n'avez-vous pas été perturbé d'apprendre qu'en cas de qualification vous héritiez du PSG ?

"Je ne savais pas du tout qu'on affronterait le PSG. Je ne savais même pas que le tirage avait eu lieu. Toute l'équipe était quasiment au courant, sauf moi (sourire). D'ailleurs, pendant qu'on célébrait notre victoire, je ne comprenais pas pourquoi certains de mes coéquipiers restaient un peu sur la retenue. Du coup, j'ai plus savouré qu'eux cette qualification. Quand ils me l'ont annoncé dans les vestiaires, j'ai pris un petit coup derrière la tête. On se dit qu'on n'a pas eu de chance. En gagnant, on avait deux possibilités sur trois de tomber contre une équipe moins forte (l'autre demie oppose Les Herbiers à Chambly, deux pensionnaires de National)".

Sur le papier, la réception de ce Paris Saint-Germain en demi-finale ressemble à une mission impossible pour le club normand…

"On ne va pas dire impossible car sur un match de coupe, tout est possible. Surtout à domicile. Maintenant, quand on voit les performances des Parisiens en championnat, ça va être très compliqué. Après leur élimination en Ligue des Champions, ils vont vouloir tout gagner en France. S'ils avaient été toujours en lice en Coupe d'Europe, la donne aurait peut-être été un peu différente. Mais on ne va pas déclarer forfait. Techniquement, ils sont au-dessus. Il n'y a pas photo. A nous de montrer plus d'envie, d'être plus agressifs sans oublier de jouer notre football. Ce n'est que comme ça qu'on pourra espérer décrocher un résultat positif contre eux. On ne va ressentir aucune pression. On n'est pas favori. On n'a rien à perdre et tout à gagner".

Personnellement, grâce à vos prestations durant ce parcours de Coupe de France, votre statut au sein de l'effectif caennais semble avoir changé. Derrière le quart de finale, vous avez enchaîné trois titularisations consécutives en championnat ; ce qui ne s'était produit qu'une seule fois depuis votre arrivée en Normandie lors du mercato d'hiver 2016 (quatre titularisations de rang en septembre et octobre 2016)…

"Ça fait un moment que je suis professionnel (depuis 2013). Et je sais que dans le football, il y a des hauts et des bas. J'ai la chance d'être entouré par des gens qui me conseillent bien. Ils me disent que si je ne jouais pas avant, c'est peut-être parce que je n'étais pas bon. Mais je ne suis pas quelqu'un qui lâche. J'ai continué à travailler, tout le temps, y compris après les entraînements. A chaque fois qu'on m'a donné l'opportunité de jouer, je l'ai saisie. Que ça me réussisse ou pas, j'essaye toujours de donner le maximum, de me surpasser pour gagner la confiance du coach, de lui prouver qu'il peut compter sur moi. Quand je rentre chez moi, je ne veux pas avoir de regrets. Après, je bénéficie aussi du changement de système. Quand on se retrouve à cinq derrière, j'ai une chance de plus d'être titulaire".

"Quand on est professionnel, il faut savoir mettre ses étâts d'âme de côté"

Que ce soit face à Metz et Lyon en Coupe de France ou contre Strasbourg en championnat (J28), trois jours après le quart de finale, vous avez marqué les observateurs par vos impressionnantes capacités physiques…

"Quand je suis arrivé à Caen, j'ai connu pas mal de soucis physiques(1). La saison dernière, j'ai eu un problème à l'épaule gauche qui a traîné. J'avais mal depuis longtemps, mais je ne voulais pas me faire opérer au début. Je me strappais, mais je ne jouais pas libéré. Je ne pouvais pas m'engager dans les duels comme je le souhaitais. Quand j'ai vu que ça impactait mes performances, la qualité de mes entraînements, j'ai finalement décidé de subir l'opération. Depuis, je vais beaucoup mieux. Aujourd'hui, je suis à 100%. Je peux aller au bout de mes actions. Je n'ai pas besoin de me gérer. Je commence à retrouver mon volume de courses. Je touche du bois pour que ça continue comme ça".

Lors de la première partie de saison, vous avez été très peu utilisé (cinq apparitions toutes compétitions confondues dont quatre titularisations). Comment avez-vous vécu cette période de disette ?

"J'ai pris sur moi. J'ai essayé de rester positif vis-à-vis du groupe, du coach. Quand on est professionnel, le comportement compte aussi. Il faut savoir mettre ses états d'âme de côté. Maintenant, c'est difficile à vivre de ne pas être sur le terrain. On est tous des compétiteurs et quand on ne joue pas, on est frustré même si on ne le montre pas. Quand tu redescends avec la réserve, ce n'est pas facile. Tu te dis que ta carrière n'avance pas. Après, il y a des choix qui sont faits. Et il n'y a rien à dire. Les mecs qui jouent derrière, ils sont costauds. Que ce soit en sélection ou dans mes précédents clubs, la concurrence a toujours existé. C'est ce qui te permet de tirer l'équipe vers le haut".

Malgré ce statut de remplaçant, Patrice Garande avait indiqué pendant le mercato d'hiver qu'il était opposé à votre éventuel départ(2)

"C'est flatteur. Mais de toute façon, je n'avais pas forcément envie de partir. C'est vrai que quand on ne joue pas beaucoup, on peut être tenté d'aller voir ailleurs. Mais on ne sait pas ce qui nous attend. Surtout au mercato d'hiver. C'est une période compliquée. Je ne veux plus commettre les mêmes erreurs que dans le passé. Je ne veux pas me précipiter dans mes choix en prenant des décisions parce que je suis frustré. On verra cet été. J'ai tout pour réussir à Caen".

"On peut être tenté d'aller voir ailleurs. Mais on ne sait jamais ce qui nous attend"

Alors que vous êtes un milieu de terrain de formation, vous êtes le plus souvent utilisé en charnière centrale depuis votre arrivée au Stade Malherbe et principalement cette saison…

"Avant de signer à Caen, j'avais dépanné une fois en défense en Coupe d'Europe avec Saint-Etienne, dix minutes en fin de match. Ce sont deux postes différents. Ce ne sont pas les mêmes courses, pas la même activité. C'est comme si on demandait à un attaquant de descendre plus bas. Les joueurs qui changent de place, en général, ça intervient quand ils sont plus jeunes. Je possède plus de repères au milieu, mais ça ne me dérange pas de jouer derrière. Je suis à la disposition du coach. Le plus important, c'est d'être sur le terrain. Comme ça fait un petit moment maintenant que j'évolue en défense, je commence à prendre mes marques. J'échange beaucoup avec mes coéquipiers qui sont des spécialistes. Je les observe quand ils sont sur la pelouse. Si j'arrive à m'en sortir derrière, ça sera un plus pour ma carrière".

Avec, entre autres, Rémy Vercoutre, Baïssama Sankoh ou encore Mouhamadou Dabo, vous faites partie de ces joueurs de l'effectif caennais qui avaient déjà foulé la pelouse du Stade de France(3)

"Quand tu vas au Stade de France, tu sais que c'est pour disputer un grand match. C'est le stade qui m'a le plus impressionné avec son terrain immense et la hauteur de ses tribunes. Même à la Coupe du Monde au Brésil (en 2014) ou en Afrique avec la sélection, ça n'a rien à voir. Le stade Olympique à Rome m'avait fait forte impression aussi. Avec Saint-Etienne, on y avait rencontré la Lazio en Ligue Europa. Se trouver sur la pelouse du Stade de France pour une finale, ça doit être magnifique. J'espère qu'on aura la chance de le connaître. Avec Saint-Etienne, en pro, je n'étais pas rentré. Pour la Gambardella, c'est différent comme c'est en lever de rideau de la Coupe de France. Tu sens que tu vis quelque chose de précieux, mais il y a beaucoup moins d'ambiance".

  • Coupe de France. Demi-finale - SM Caen (L1) / Paris SG (L1), mercredi 18 avril à 21 h 05 au stade Michel-d'Ornano.

Ismaël Diomandé

  • Né le 28 août 1992 (25 ans) à Abidjan en Côte-d'Ivoire.
  • Défenseur central ou milieu défensif. Droitier. 1,83 m pour 82 kg.
  • Parcours : Aubervilliers (2006-2008), CFFP Paris (2008-2009) Paris FC (2009-2010), Saint-Etienne (2010-décembre 2015), SM Caen (janvier 2016-…). Professionnel depuis 2011.
  • International ivoirien (19 sélections, 1 but).
  • Palmarès : vainqueur de la Coupe de la Ligue en 2013, vainqueur de la CAN en 2015, participation à la Coupe du Monde 2014.
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