
Cette saison, la réserve du Stade Malherbe a soufflé le chaud et le froid en CFA2…
"En début de championnat, on a été performant (3V-1N-1D sur les cinq premières journées) malgré nos deux points de pénalités*. Après, on a connu un trou avec beaucoup de buts encaissés (quatre revers pour un nul en cinq rencontres). A Bourges, où on a pris une première claque (4-1), on avait prévenu durant la causerie que l'état d'esprit des garçons ne nous semblait pas bon, qu'on allait se prendre une bonne fessée. On se croyait trop fort et personne n'a voulu écouter. Derrière, on a un peu galéré".
Votre parcours a pris une nouvelle tournure à partir du moment où vous avez effectué un changement tactique avec un passage en 4-4-2 à la mi-décembre. Au point de vous mêler à la lutte pour une accession en National 2 (ex-CFA)…
"Avec ce schéma, on était beaucoup plus cohérent défensivement et on avait un duo d'attaquants très complémentaire avec Jordan Tell et Exaucé Ngassaki. Ils nous ont fait énormément de bien. On a mis en place également un milieu plus guerrier avec deux joueurs d'impact. En CFA2, c'est obligatoire. Dans ce dispositif, on a connu une période avec de nombreuses victoires jusqu'à la réception de Saint-Pryvé (le 25 mars, le leader et futur champion du groupe). On se trouvait dans une bonne dynamique (5V-1N-1D entre le 11 décembre et le 25 février). On avait battu Le Mans qui était en tête à l'époque. On se disait que si on dominait Saint-Pryvé, cette équipe pouvait s'écrouler à l'image des Manceaux qui avaient enchaîné deux défaites derrière nous. On aurait dû gagner (revers 2-1).
Après une série de six matches sans succès dont trois défaites consécutives, vous avez décidé de finir le championnat avec des U19 qui seront encore au club la saison prochaine…
"Après la défaite contre Saint-Pryvé, difficile de croire à la montée avec 11 points de retard... Inconsciemment, les jeunes ont un peu lâché sans compter le phénomène contractuel. A cette époque, les garçons se demandent s'ils vont avoir un contrat ou pas. Ils savent que leur avenir n'est plus ici. Ils ont peur de se blesser. Pour le vivre depuis quatre ans, cette période est toujours compliquée. Du coup, on a mis les plus petits sur les deux dernières journées (pour deux victoires) qui avaient une carte à jouer, qui avaient faim et qui ne sont pas encore mangés par le système. On a travaillé pour l'avenir. On a essayé de gagner du temps pour la saison prochaine. Maintenant, il faut qu'ils gardent cette insouciance et cette joie de jouer au football. Mais c'est très compliqué, car pour la plupart, les jeunes ont un entourage (famille, agent) très particulier qui leur font miroiter des choses irréelles. D'ailleurs, ça a déjà commencé… Et ça ne va pas dans l'intérêt des garçons".
Avec la réforme des championnats qui voit la disparition du CFA2 sous sa forme actuelle, vous évoluerez la saison prochaine dans ce National 3 100% normand…
"Comme ce sera un groupe uniquement régional, on pourrait se dire que ça ressemble à une DH, que le niveau va régresser… Mais je ne suis pas d'accord. Ce n'est pas parce que c'est proche de nous que c'est moins relevé. Déjà, aucun club normand n'a été relégué de CFA2 (Oissel, Evreux, Dives, les réserves de Quevilly-Rouen et d'Avranches). Après, il va y avoir des équipes comme Dieppe qui descend de CFA ou Mondeville avec un projet sur du court terme très ambitieux. Sans oublier la rivalité qui existe entre les clubs. On va être l'équipe à taper même si on est mal classé. Attention à ce N3, surtout sur la première saison, c'est un gros piège".
Seriez-vous favorable à un championnat des réserves professionnelles ?
"Je suis mitigé. En terme de jeu, ça serait génial. Maintenant, le gros point négatif, c'est qu'il manquerait le sel de la compétition. Un joueur qui s'est formé alors qu'il n'a pas connu le stress d'une montée ou d'une descente, comment il va réagir quand il va arriver chez les pros. Un joueur qui joue avec et sans le stress, ce n'est pas le même. Jouer devant un public hostile, devant 20 000 personnes qui te sifflent, quand ta famille est prise à partie, que tu as de mauvaises notes dans la presse…, il faut s'y préparer. Après, avec un championnat des réserves, tu joueras - comme chez les U19 - toujours le même type de football. Quand vous arrivez en Ligue 1 et que vous tombez sur un Cheikh N'Doye d'Angers qui n'est pas passé par la formation française, il faut répondre présent. En CFA2, quand on va en région parisienne, on affronte des mecs d'1,95 m pour 100 kg. Et tous les ballons sont dans les airs. C'est pourquoi à l'entraînement, je siffle rarement les fautes comme les tirages de maillot, les bousculades…. On a besoin d' hommes qui tiennent sur leurs jambes".
La situation idéale pour la réserve du Stade Malherbe serait de retrouver le quatrième niveau national (ex-CFA et futur N2)…
"Ce serait le top. Il y a des réflexions à mener et quand on y aura répondu, on montera. J'en suis persuadé. Personnellement, je pense que tous nos U19 devraient jouer en seniors et nos meilleurs U17 en U19. J'estime que quand tu es jeune, tu as besoin de te faire éclater. Moi, j'ai commencé à 16 ans dans l'équipe C du FC Metz en DH. C'est dommage de ne pas en avoir à Malherbe. Aujourd'hui, ça serait compliqué d'en monter une, car il faudrait repartir de tout en bas. Maintenant, s'il n'y a pas trop de pros qui descendent, nos U19 doivent rester en CFA2. Et dans le cas inverse, on peut faire comme cette saison en organisant un maximum de matches amicaux - le mercredi - contre des DH de l'agglomération caennaise".
*Alors qu'elle avait fait match nul 0-0 lors de la première journée sur le terrain du Maccabi Paris, la réserve du Stade Malherbe a perdu cette rencontre 3-0 pour avoir fait jouer Christopher Opéri alors qu'il était suspendu. "On a commis une erreur", reconnaît Grégory Proment. "C'est dommage, car je pense qu'on était en droit de demander à refaire ce match, car l'arbitre a refusé que l'un de nos joueurs (Ismaël Diomandé) soit inscrit sur la feuille de match pour un problème administratif alors qu'il en avait tout à fait le droit. Mais la Fédé n'a retenu que notre erreur".