
Lorsque les hommes de Raymond Kéruzoré débarquent à Caen, leur statut a définitivement changé. Quart de finaliste de la Coupe de France en 1983, l’En Avant Guingamp a opté pour le statut professionnel durant l’été 1984, affichant alors des ambitions claires qui feront de lui un des « gros clients » de la deuxième division, notamment grâce à des attaquants particulièrement prolifiques (Luizinho Da Silva, Andrzej Szarmach, Michel Rio, Hervé Guégan...). De son côté, le Stade Malherbe se veut, si ce n’est moins ambitieux, beaucoup plus mesuré, d’autant qu’il est incapable de battre son adversaire du jour depuis le début des années 70. Les trois victoires obtenues par les visiteurs lors des trois premières journées de championnat confirment que l’EAG est un candidat très sérieux à la montée.
Un Stade Malherbe au niveau
Les Malherbistes ne se démontent toutefois pas. Au contraire même, ils misent sur un défi physique qui créé quelques poussées de colère chez le coach breton, surtout que la chance ne veut pas leur sourire, Reiter touchant les montants de Douville suite à un centre de Thiboult (27e). À force d’abnégation, les Caennais prennent confiance et se rapprochent dangereusement du but adverse : Théault allume la première mèche, avant que Lebourgeois ne voit son but refusé pour une faute de Pichard au début de l’action (40e). Les locaux trouvent finalement la faille sur un coup-franc au raz-de-terre de Théault (57e). Les 5 000 spectateurs de Venoix exultent, craquent les premiers fumigènes : la température est définitivement montée de quelques degrés. Et si la fin de match refroidit les ardeurs des Caennais, elle attise aussi leur colère. Se sachant hors-jeu, Lubin stoppe sa course… mais constate que l’homme en noir reste de marbre et s’en va inscrire le but de l’égalisation (77e). Les Malherbistes s’amassent autour de l’arbitre, contestent à en perdre la voix. Dans la confusion, Pichard est même sanctionné… d’un carton vert, avant que la couleur ne change et signale un avertissement. Le match nul final, pas si illogique contre tenu de la physionomie du match, est amer pour les Normands. Mais ils ont dorénavant la sensation de pouvoir se mettre au niveau des favoris du championnat.
Le début d’une aventure
Lorsque Malherbe prend la mesure de ces potentialités, il est un jeune promu dans un championnat de Division 2 qui s’annonce particulièrement dense. Au terme d’un exercice solide, les Caennais obtiendront un maintien tranquille. L’année suivante confirmera cette dynamique. Mais l’adversaire du soir continuera de jouer les premiers rôles, et les Caennais buteront sur lui, une saison de plus. Il faudra attendre la saison 1986-1987 pour que la tendance s’inverse définitivement. Quelques mois plus tard, les Malherbistes disputeront leurs premiers matchs de barrage d’accession à la première division. Si la victoire n’est pas au rendez-vous, le Stade Malherbe n’aura à attendre que quelques mois pour valider son ticket pour l’élite. Pour l’EA Guingamp, la chance ne sourira qu’en 1995…