
L’art pour l’art
Après trois défaites consécutives à domicile, qui plus est contre d’actuels concurrents directs en bas de classement, la voie de salut pourrait se dessiner à l’extérieur, loin des stigmates des dernières rencontres et de la pression à d’Ornano, probable conséquence de la volonté de bien faire dans une enceinte où les victoires deviennent de plus en plus obligatoires. C’est toutefois une équipe avec le vent en poupe et dans un stade réputé pour sa chaude ambiance que le Stade Malherbe s’apprête à affronter, au cœur d’un mois de décembre qui pourrait coûter cher dans la lutte pour le maintien. Un adversaire qui, au-delà du match nul obtenu contre l’ogre parisien, n’a perdu qu’une fois lors des dix dernières rencontres… Pourtant, face à ces statistiques pour le moins peu favorables à nos favoris, on ne pourrait qu’exhorter nos Caennais à aller chercher ce qui faisait leur identité de jeu en début saison, au risque même que la solution esthétique n’apporte pas les résultats escomptés, au risque de donner au magnifique titre du roman d’Alice Zeniter, L’Art de perdre, une nouvelle et non moins originale voie d’interprétation.
Les bonnes manières
Mais plus que de belles dispositions, il sera peut-être nécessaire de mettre en œuvre de bonnes manières. Non pas de celles qui, de l’auriculaire en l’air jusqu’aux courbettes un peu bêtes, paraissent contraires aux politesses du football, où l’engagement est le signe le plus affiché du respect de l’adversaire. Il faudra nécessairement que le Stade Malherbe soit plus offensif, non en cumulant des joueurs sur le front de l’attaque, mais en regardant résolument vers l’avant. Car la réponse à la série, bien trop longue, et au mal qui rongent les Normands n’est pas, comme l’ont répété de concert ceux qui se sont présentés face à la presse à la suite de la déconfiture contre Nîmes, tactique ou technique, mais bien psychologique. Etre offensif sera certainement la voie de salut des Bleu et rouge, la disposition d’esprit qui guidera les corps. « La tête ne peut aller sans les jambes et inversement » a un jour dit Tristan Bernard, le « marquis des stades ». Que les Normands prennent cet adage pour plan de match et le résultat pourrait tourner en leur faveur. A défaut de quoi, les fêtes de fin d’année, où les cadeaux et autres agapes se mêlent pour certains à d’ancestrales pratiques liturgiques, pourraient être synonymes de crise de foi.