Nicholas Gioacchini, le football dans ses valises

L’Italo-Américain aux origines jamaïcaines Nicholas Gioacchini est une des révélations de la saison au Stade Malherbe. Au gré de ses nombreux voyages, l’avant-centre de 19 ans n’a jamais perdu de vue son rêve de toujours : devenir footballeur professionnel.

Nicholas Gioacchini est devenu un élément important dans l'effectif de Pascal Dupraz depuis son premier match face au PFC
Nicholas Gioacchini est devenu un élément important dans l'effectif de Pascal Dupraz depuis son premier match face au PFC

Eté 2000. Alors que la France du foot jubile après le sacre des Bleus à l’Euro, la famille Gioacchini connaît de l’autre côté de l’Atlantique des réjouissances toutes autres lorsque, le 25 juillet, naissent leurs jumeaux Nicholas et Christiano. La vibration de bonheur a pour épicentre Kansas City dans le Missouri, une région américaine où le futur attaquant du Stade Malherbe passe les 8 premières années de sa vie. « J’ai commencé le football dans un club à 6 ans, au Kansas, se souvient le Malherbiste. Même si mon père était passionné par le foot, c’est moi qui suis tombé dedans tout seul, j’ai tout de suite adoré ce sport. » Et au pays où baseball et football américain sont les rois et où le soccer n’est guère plus qu’un vassal, Nicholas et son frère, férus de ballon rond, sont déjà uniques en leur genre. « C’était très rare de jouer au football avec nos amis quand on était petits, aux Etats-Unis, on joue un peu au foot à l’école mais les enfants et les gens ne sont pas du genre à s’appeler pour se dire ‘ On se fait un petit five ?’ ou ce genre de choses. »

"j'avais fait un essai à parme non concluant"

Son aspiration à devenir un jour professionnel, Nicholas s’en empare toutefois dans ses jeunes années qui seront alors vite marquées par l’un des premiers tournants de son existence. « Mon père étant dans l’industrie des pâtes, son travail l’a souvent amené à bouger alors on a déménagé en 2008. » Direction Parme pour les Gioacchini. Dans une Italie qui respire davantage le football, Nicholas développe plus encore ses facultés de footballeur en se heurtant toutefois à de premières barrières. « En Italie, j’ai joué pour deux clubs et en parallèle, j’ai cherché des coachs privés pour m’exercer un petit peu plus mais j’ai eu du mal. J’ai aussi fait un essai à Parme qui m’a refusé. Apparemment, j’avais toutefois été bon lors de ces tests mais moi, j’ai eu l’impression de ne pas en avoir fait assez. » Loin d’être découragé, l’attaquant ne passe que trois ans sur la botte italienne. 2011 le ramène aux Etats-Unis pour un nouveau voyage direction Washington où « trouver des coaches privés se révèle beaucoup plus facile ».  Sur la côte est américaine, Nicholas progresse encore, au point de rejoindre les U14 de DC United, club de Major League Soccer. Au fond de lui tourbillonne alors toujours cette ambition mêlée d’une force de caractère qu’il tire de ses voyages à répétition. « La vie m’a appris qu’il fallait être concentré sur soi-même et pas sur les autres. » Et dans son cheminement, le gamin de Kansas City a conscience qu’il n’aura pas la même trajectoire que les grands footballeurs qu’il admire, tels Zlatan Ibrahimovic. « ‘Tu n’es pas comme tout le monde, tu as souffert différemment.’ C’est ce que me disent souvent mes parents, » raconte le Malherbiste.

Le Stade Malherbe arrive bientôt dans la vie de Nicholas Gioacchini. Un nouveau déménagement en 2015 l’emmène cette fois à Paris. S’il parle aujourd’hui un excellent français, ce n’est pourtant qu’à cette période que le buteur rouge et bleu s’approprie la langue de Molière, lui qui reste plus à l’aise en anglais et en italien. Son talent et son football dans ses bagages, Nicholas débarque au Red Star puis au Paris FC et au gré des confrontations avec Caen, il ne tarde pas à taper dans l’œil de Michel Rodriguez, le coach des U19. « J’étais en fin de contrat au PFC, le Stade Malherbe s’est montré intéressé et moi aussi car c’est un club qui avait du potentiel et la capacité de me former. J’ai pris le risque d’y aller. ». En deux ans, l’Italo-américain gravit les échelons en Normandie : U19, réserve, groupe pro et débuts en Domino’s Ligue 2 sous les ordres de Pascal Dupraz avec ce premier but pour son premier match symboliquement inscrit contre le Paris FC. « Je rêvais d’intégrer le groupe pro dès la saison dernière en Ligue 1 mais cette année, je ne pensais pas arriver en pro dès le mois d’octobre, tout s’est passé très vite. »

"il faut toujours croire à ce qu'on fait, ne jamais lâcher"

Désormais professionnel au Stade Malherbe, Nicholas a réalisé son premier rêve en le gardant toujours précieusement auprès de lui malgré ses innombrables voyages. « Il faut toujours croire à ce qu’on fait, ne jamais lâcher. » Il lui reste désormais à progresser et à apprendre encore et encore. « Je peux toujours faire plus, je vois toujours qu’il y a des gens devant moi, ça me motive, ça ne m’agace pas. » Perfectionniste de nature, l’attaquant caennais se nourrit à la fois de ses expériences sportives mais aussi de ce que la vie lui a enseigné tandis qu’il côtoyait différentes cultures. « Je sens par exemple dans ma vie de tous les jours qu’il y a des moments où ma culture italienne se montre et ressort davantage que les autres. » Lié à la culture jamaïcaine par sa mère, Nicholas a donc grandi aux Etats-Unis, s’est forgé une âme de compétiteur en Italie et est devenu un homme en France. Sa connexion à ces quatre pays lui est donc précieuse, si bien que quand on lui demande qui il supporterait si ces nations devaient se rencontrer lors d’une prochaine Coupe du monde, le natif de Kansas City esquisse un large sourire et s’offre un temps de réflexion avant de répondre : « Désolé, je ne serais pas pour la France, la Jamaïque…je ne sais pas. Ça se jouerait entre l’Italie et les Etats-Unis…allez, je vais dire les Etats-Unis. » Mais laissons-là ces sympathiques et amusantes questions de supportérisme : pour ce qui est des clubs, le logo de son équipe de cœur est désormais bel et bien affublé d’une tête de viking et des couleurs rouges et bleu.

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