Pascal Dupraz, le sens de la famille

Pascal Dupraz n’a pas raté ses débuts à la tête du Stade Malherbe, que ce soit en coulisses ou au bord des terrains. S’il est devenu le coach rigoureux, généreux et expansif qu’il est aujourd’hui, c’est avant tout en raison du cadre à la fois familial, sportif et géographique dans lequel il s’est épanoui. Portrait.

À 57 ans, Pascal Dupraz a déjà vécu beaucoup de choses en tant qu'homme mais aussi en tant qu'entraîneur
À 57 ans, Pascal Dupraz a déjà vécu beaucoup de choses en tant qu'homme mais aussi en tant qu'entraîneur

C’est dans un espace hors du commun que Pascal Dupraz s’est construit. Cette Savoie où la “petite mer“ qu’est le Lac Léman côtoie main dans la main les interminables versants des Alpes. Cette Savoie où l’on ne distingue plus l’eau de la montagne les jours de brume et où le Mont-Blanc se signale de son imposant chapeau blanc dès lors que le soleil domine le ciel. « Il faut y être né pour comprendre, explique l’entraîneur caennais. Il y a beaucoup de personnes qui vantent les mérites de leur région. La mienne, elle est belle et moi je le vois tous les jours sauf quand je suis dans l’exercice de ma profession, ailleurs. » Que les adorateurs de la Normandie se rassurent, Pascal Dupraz ne dénigre aucunement la région caennaise où « il se plait bien » mais où il a dû affronter la pluie « du 1erau 56èmejour », ce qui n’a pas été vraiment aisé comme il se plait à le faire remarquer, dans un sourire. Mais lorsqu’on évoque l’entraîneur malherbiste, impossible de ne pas commencer par son identité savoyarde, identité qu’il n’a par ailleurs pas mis longtemps à mettre en lumière dès sa première conférence de presse à d’Ornano.

"j'ai tout vécu avec l'ETG, on a démarré de tout en bas"

Pour ce qui est du technicien pur et dur qu’il est devenu au fil des années, il n’a pas fallu attendre que Pascal Dupraz pose ses valises au Stade Malherbe pour cristalliser l’attention des suiveurs normands. Non. Dans le paysage des entraîneurs de football français, le Savoyard compte, tout en ayant une place à part. Celui qui allait devenir entre autres l’un des héros du maintien du Toulouse FC en 2016 a d’abord travaillé 20 ans aux Nations Unies à Genève, après sa vie de joueur. Il y a d’ailleurs commencé« en changeant les ampoules ». Il ne se destinait alors pas à faire carrière sur un banc, en tout cas pas au niveau professionnel. Puis ce qui allait devenir l’Evian Thonon Gaillard - club de Ligue 1, où il officiait en parallèle, a fini par grandir et bien grandir. « J’ai vécu des choses incroyables et quand on a commencé à gravir des échelons, j’ai eu besoin d’adjoints. J’ai réalisé des fusions, le FC Gaillard, Croix-de-Savoie, Evian-Thonon… Plein de trucs sympas. » Son arrivée sur le banc de l’ETG, sa mission sauvetage du Téfécé et ses passages remarqués dans des émissions sportives télévisées auront contribué à lui offrir un CV pour le moins atypique mais précieux pour un club comme le Stade Malherbe. 

Désormais, Pascal Dupraz est un coach reconnu et entier, qui possède comme tant d’autres ses admirateurs et ses détracteurs. Est-ce son sens de la formule ? Ses réussites sportives marquantes ? Sa personnalité enthousiasmante ? Tout ça à la fois ? Il n’en demeure pas moins que le fil conducteur de son existence, le football, a toujours fait partie ou presque de la vie de l’ancien joueur de Brest, de près ou de loin. «Enfant, je suivais mon père tous les dimanches, c’était un très bon joueur, élégant, il avait de la classe ! » se remémore le technicien. Aux origines du joueur puis de l’entraîneur, on retrouve ainsi Jo, son père de dix-neuf ans son aîné, une figure précieuse et à valeur de guide pour le coach caennais. « J’ai eu des parents extraordinaires. C’était mes parents mais par moment c’était aussi mes compagnons de jeu, mes frères et sœurs. Parce que vingt ans d’écart, ce n’est rien ! » Sa facilité à bien s’exprimer, à avoir le verbe facile et à déclamer à ses joueurs des discours fédérateurs, l’ex-pensionnaire du centre de formation du FC Sochaux l’attribue essentiellement à sa mère. « Elle était très érudite, elle était toujours en train de lire, elle était curieuse de tout, donc elle m’a poussé à faire des études ! Elle voulait que je sois pilote de chasse.» En outre, c’est sa mère qui l’a poussé à adopter cette posture d’homme curieux qu’il revendique sans cesse. « Quand je méconnaissais la signification d’un mot ou que j’hésitais sur l’orthographe, elle me disait “Prends le dico ! Tu vois que les mots ont plusieurs sens, imprègnes-en-toi !“ Alors je refermais le dictionnaire et elle me disait “Pascal, il y a à peu près 60 mots sur les deux pages, lis-les ! Ca ne va te prendre que 2 ou 3 minutes de plus !“ Et elle avait raison. »

"ça me tient à coeur de défendre les bonnes causes"

Son fort caractère, celui-là même auquel les joueurs peuvent goûter chaque semaine et dont ses suiveurs récoltent des saillies dont ils raffolent, Pascal Dupraz l’a toujours possédé. Il se remémore notamment un épisode datant de sa formation : « J’étais promis à un bel avenir à Sochaux mais à un moment donné, d’un seul coup, le directeur sportif de l’école dont j’étais le chouchou ne pouvait plus me saquer. Alors un jour, j’ai pris mes valises et je me suis cassé. Mon père était furieux et j’ai finalement signé à Thonon, un club amateur, pour retrouver ma liberté. » Rien qui n’ait empêché le milieu offensif, parfois attaquant, de mener ensuite une carrière à Brest mais aussi à Thonon et à Gueugnon. « J’étais un peu tête de con sur les bords mais toujours pour défendre les bonnes causes et jamais pour ennuyer un entraîneur. » Toujours ambitieux dans la vie, l’actuel coach caennais se considère comme quelqu’un d’ouvert et de besogneux en toute circonstance. « Je ne dors jamais, j’ai le sentiment que c’est inutile et ce n’est pas bien. Mais je vis ma vie à 100 à l’heure, je suis comme ça. » Son arrivée au Stade Malherbe, un club où les notions de famille, de conviction et de travail sont essentielles lui ont en tout cas permis d’arriver dans un cocon où ses méthodes et son approche du football ont vite rapporté des points. La preuve en somme qu’on peut venir du pays des montagnes et réussir à dompter la plaine de Caen.

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