Yacine Bammou, l'authentique

On parle souvent de parcours atypique dans le football, Yacine Bammou en est le meilleur exemple. Lui qui est passé de la CFA2 à la Ligue 1 en l’espace de quelques mois sait d’où il vient et fait aujourd’hui le bonheur du SM Caen après avoir évolué au FC Nantes. Portrait.

De retour de prêt depuis cet été, Yacine Bammou est le meilleur buteur du club cette saison
De retour de prêt depuis cet été, Yacine Bammou est le meilleur buteur du club cette saison
  • Emiliano Sala, plus d’un coéquipier

« On a joué trois ans ensemble, on évoluait souvent à deux attaquants devant. J’ai été très touché par sa disparition parce que c’était plus qu’un simple coéquipier. En dehors, il venait souvent à la maison, on partait souvent en vacances ensemble. On avait créé un vrai lien, c’est pour ça que ça m’a plus touché que certaines personnes. C’était quelqu’un de très humble, il savait me rassurer quand je n’allais pas très bien, on avait une concurrence très saine. C’est l’un des joueurs avec lequel j’ai eu le plus de complicité. »

  • Un enfance parisienne

« Je suis né à Paris dans le 13e arrondissement, je suis le plus petit de la famille, j’ai trois grands frères et deux grandes sœurs. J’ai grandi à Paris même jusqu’à mes quinze ans, je ne faisais pas trop de trucs de touriste comme aller sur les champs ou dans les beaux quartiers. On allait à l’école et dès que l’on rentrait, on jouait en bas de la maison. Je jouais souvent avec les plus grands et ça m’a fait beaucoup de bien, c’était une ambiance familiale mais je me suis forgé un caractère. Je ne me laissais pas faire et je pense que ça se ressens encore aujourd’hui dans mon jeu. Après je passais toutes mes vacances au Maroc, juillet & août je me rendais à Rabat. »

  • Les classes au Paris UC

« J’ai mis du temps à prendre une licence, la première c’était au FC Gobelins quand j’avais une dizaine d’années. Après je suis allé au Paris UC, un club omnisport basé au stade Charléty, j’y suis resté jusqu’en U17 parce que c’était juste à côté de chez moi. C’est vraiment un club qui a compté pour moi, c’est là que j’ai commencé à prendre goût au football. Je suis passé à Issy-les-Moulineaux pour voir autre chose mais ça ne s’est pas très bien passé puis j’ai rejoint l’AC Boulogne-Billancourt pour jouer en U19 Nationaux. En seniors, on termine deuxièmes de DH derrière Évry et le coach m’a demandé de les rejoindre pour jouer en CFA2. C’était une superbe saison, on arrive à se maintenir et je suis pas mal décisif, c’est là que le FC Nantes décide de me faire venir pour un essai d’une semaine. »

  • Un an à la boutique du PSG

« Quand j’étais à Évry, il fallait que je bosse à côté donc j’ai passé un entretien pour devenir vendeur à la boutique du Parc des Princes. Je sais ce que c’est de se réveiller à 6 heures tous les jours quand il fallait aller à l’entrepôt. C’est une expérience qui m’a beaucoup servi, c’était important pour moi de découvrir ça, devoir me lever pour gagner ma vie. Pour moi il n’y a rien de plus normal, aujourd’hui il a beaucoup de joueurs de N3 et même N2 qui ont un métier à côté et je pense que l’on en parle pas assez. Quelques mois après je jouais et je marquais face au Paris-Saint-Germain, ça montre qu’il ne faut vraiment jamais rien lâcher. Je voyais les joueurs à la boutique et quelques mois plus tard je jouais contre eux, ils me disaient que j’étais un magicien, c’est une belle histoire. »

  • La motivation du grand frère

« On était une famille sportive, mon père s’intéressait beaucoup à la boxe et au vélo. Mon frère Hafid était un très bon footballeur, je me souviens des moments passés avec lui, il m’apprenait à viser la lucarne des deux pieds, à ne jamais lâcher. Je suis certain qu’il aurait pu faire carrière tout comme mon autre frère dans le basket. Il m’a beaucoup conseillé et m’a poussé à continuer dans le football, il m’a toujours dit que j’avais tout pour réussir, aujourd’hui c’est une satisfaction de pouvoir le rendre fier. La famille c’est quelque chose de très important pour moi, je leur doit tout. Pour moi quand t’as un problème dans la vie, c’est souvent vers eux que l’on se ressource. »

  • Absent de la Coupe du Monde 2018

« J’ai quelques sélections avec le Maroc, c’était important pour moi de représenter le pays de mes parents. Mon plus grand regret est que j’aurais pu aller à la Coupe du Monde 2018, le coach Renard m’avait présélectionné. Je venais de me blesser au tendon d’Achille et il m’a appelé la veille de donner sa liste pour me dire que j’étais dans les 30. J’ai préféré être honnête avec lui et lui dire que je ne pouvais pas accélérer, que je n’allais pas être apte avant trois bonnes semaines. »

  • Le contrat professionnel à 23 ans

« J’ai eu un parcours un peu atypique puisque je ne suis pas passé par un centre de formation. Je suis arrivé au FC Nantes en 2013 pour jouer avec la réserve avec un simple contrat amateur mais ça ne se refuse pas. C’est un an plus tard que j’ai pu faire mes débuts en Ligue 1 sans avoir de contrat professionnel. Au bout de 34 secondes après mon entrée en jeu, j’ouvre le score face à Lens à la Beaujoire, c’est mon plus beau souvenir. Ça a aussi été un déclic dans ma carrière, je me suis rendu compte que je voulais en faire mon métier et j’enchaîne trois saisons à plus de 35 matchs. C’est Michel Der Zakarian qui m’a lancé en pro, c’est un coach qui a compté pour moi, c’est lui qui a su me faire confiance alors que j’étais avec la réserve. »

  • Des moments plus compliqués

« Au bout de six mois à Nantes, je décide de partir en prêt à Luçon mais ça ne se passe pas très bien, j’ai eu beaucoup de mal à m’adapter. Avec du recul c’est un passage qui m’a fait beaucoup de bien, d’être confronté à la difficulté alors que j’étais au top depuis plusieurs saisons. Ça a toujours été compliqué de quitter le FC Nantes, je me sentais chez moi mais après ça fait partie d’une carrière. Ma première saison ici c’était assez compliqué aussi même si je fais de bons premiers matchs. J’ai eu une pubalgie qui m’a éloigné des terrains toute la première partie de saison puis après il y a eu la disparition d’Emiliano. Ce n’était pas de la mauvaise volonté, j’avais vraiment envie de rendre la pareille à un club qui avait investi sur moi. »

  • Un homme de valeurs

« Je suis quelqu’un avec beaucoup de caractère mais très respectueux, dans le vestiaire je m’entends avec tout le monde. Je pense aussi être généreux, j’aime donner des conseils aux plus jeunes et être dans l’échange. Je vais être une personne très honnête, qui aime bien dire les choses mais je ne lâcherai jamais personne. On peut m’appeler à deux heures du matin pour de l’aide, je ne vais pas hésiter une seconde. Mon parcours fait que j’aurai toujours cet état-d’esprit. »

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