Portrait-robot du héros
Les qualités du héros sont nombreuses et il serait ici bien vain d’en dresser une liste exhaustive. Retenons toutefois sa capacité d’analyse et, plus encore, sa propension à répondre favorablement aux aléas, sans se démonter face à l’adversité. Contre Saint-Étienne, les Normands auraient pu, après un pénalty contestable, un but évitable et une copie pendant 30 minutes assez peu conforme aux attentes, totalement se démunir. Les quelques minutes de fin de partie, passées à tenter d’accrocher le nul, ont montré à ceux qui en demandaient encore la preuve que ce Stade Malherbe possède des dispositions pour ne pas sombrer. Du héros, on pourrait ensuite retenir son panache et, peut-être, une forme de malice pour braver les épreuves. Il sait surtout faire preuve d’une humilité pleine de pragmatisme, où la parfaite connaissance de ses qualités et défauts n’empêche une réelle confiance en soi : le héros a ceci de particulier de mêler, dans un équilibre indistinct et instable, l’ordinaire, qui fédère chacun dans un dénominateur commun, et l’extraordinaire, qui révèle alors à tous une originalité presque transcendantale. Le héros, en définitive, est bien ce personnage qui nous rappelle notre condition humaine, nous l’assène presque, tout autant qu’il désigne des voies d’amélioration.
Le héros en jeu
Jouer les héros renvoie à une réversibilité à laquelle les Malherbistes devront certainement se méfier : il ne faudrait en effet pas qu’ils se laissent porter par leur propre personnage et en oublient la dureté du football et ses sévères réalités : la vérité comptable, qui seule bonifiera ce qui a été entrevu lors des premières journées de championnat. Jouer les Hérault pourrait comporter le même type de danger : sur le papier, les Montpelliérains font figure de victime idéale pour les hommes de Mercadal. Dans les faits, toutefois, la rigueur de ceux coachés par Der Zakarian leur a déjà donné la possibilité de traîner dans les hauteurs du classement. Il sera alors utile de convoquer les plus belles qualités héroïques qui soit : de l’humilité dans un plan de jeu, tout en étant capable de comprendre l’adversaire afin de le battre là où il ne nous attendait pas.Ensuite, il sera temps de reprendre l’expression au pied de la lettre : de se souvenir que le football est avant tout un jeu, avec ses règles et ses imaginaires qui le modèlent à l’envie, avec ses scénarios, ses ambiguïtés, ses joies et ses déceptions, aussi tragiques que romantiques. Il sera alors possible d’enfiler cape et masque, pour aller sauver la veuve et l’orphelin… et puis, non, il sera avant tout nécessaire de rappeler que l’héroïsme à la mode Stade Malherbe est teintée de sobriété et de romantisme, qui construisent ensemble sa mythographie.
