
Son parcours, son île, ses coups de cœur et coups de blues : le Guadeloupéen supersonique nous dit tout. Confidences intimes.
SES DEBUTS : "Je jouais gardien de but"
"Le sport chez nous, c'est une affaire de famille. Ma mère était notamment championne d'athlétisme. J'ai débuté le football à l'Arsenal Petit-Bourg, près de chez moi en Guadeloupe, à l'âge de 6 ans. Durant mes premières années, comme j'étais fan obsessionnel de Bernard LAMA, je jouais gardien de but. Bon, j'avoue que ça n'a pas duré très longtemps... Car la rapidité était déjà mon point fort et qu'un gardien qui court vite, ça ne sert pas à grand-chose..."
LE SM CAEN : "Dans l'avion avec Philippe TRANCHANT..."
"En avril 2006, la Guadeloupe organise son traditionnel tournoi et Caen est invité. On joue d'ailleurs la finale face à Malherbe. Le lendemain, je pars en métropole pour faire un essai de 15 jours à Montpellier. Le hasard fait que je suis avec Philippe TRANCHANT dans l'avion Pointe-à-Pitre - Paris. Il me dit que mon profil l'intéresse. De mon côté, je vais comme prévu à Montpellier, ça se passe très bien, ils me proposent un contrat. Ce qui change tout, c'est que Philippe m'appelle, il me passe Ronald ZUBAR, Guadeloupéen comme moi. Ronald m'explique que lui et son frère (Stéphane) jouent à Caen et qu'ils m'encadreront, me prendront sous leur aile. J'avais peur de me retrouver seul, ce discours m'a donc incité à choisir Caen. J'ai rejoint la Normandie à l'été 2006."
SON ARRIVEE EN METROPOLE : "L'exemple de Jocelyn ANGLOMA..."
"Ici, tout est différent. Dans plein de domaines, c'est autre chose que là-bas... Pas les mêmes entraînements, pas le même niveau, pas le même climat... Le plus dur, c'est de quitter sa famille, de ne plus la voir qu'une fois par an. Ma chance, c'est d'être parti de chez moi à 18 ans, et pas avant. Certains joueurs, éloignés très tôt de leurs racines, peuvent craquer. Moi, je suis parti plus tard, j'avais vécu toute mon adolescence sur l'île. Et puis, devenir pro, c'était une obsession. En Guadeloupe, on se rappelait tous de l'exemple de Jocelyn ANGLOMA (NDLR : International Français et Champion d'Europe avec l'OM en 1993) qui était parti de l'île à 19 ans et avait ensuite réalisé une carrière de dingue..."
SON BAPTEME : "Quand tu goûtes à ça..."
"En mars 2007, l'équipe pro reçoit Guingamp en Ligue 2. Le matin, je suis en cours et mon téléphone sonne. Je ne reconnais pas le numéro mais je décroche quand même. C'est Florent GACK (Intendant au Centre de Formation). Il m'annonce qu'on va venir me chercher au lycée car il y a eu un désistement chez les pros et que je ferai le banc le soir-même. Je me souviendrai toujours de cette journée ! C'est le moment où tu rentres vraiment dans le truc. Ce soir-là, même si je reste sur le banc, je découvre D'Ornano, la ferveur des matches de haut-niveau. Quand tu goûtes à ça, tu n'as plus envie qu'on te l'enlève..."
SES BLESSURES : "J'ai été opéré trois fois dans la même année"
"Je signe pro à l'été 2009, après avoir notamment réalisé une belle entrée en jeu à l'occasion du dernier match, malheureusement perdu contre Bordeaux (0-1). Lors de cette rencontre, je reçois un coup violent au genou. Au départ, j'imagine que c'est bénin et qu'après les vacances, tout sera rentré dans l'ordre. L'ennui, c'est que je traîne la douleur et le ménisque est sévèrement touché. Je suis opéré une première fois au début de la saison 2009-10 puis une deuxième fois au même endroit trois mois plus tard. Et enfin, une troisième fois sur l'autre genou, au début de l'année 2010. Ç'a contrarié ma trajectoire et retardé ma progression. Cette saison-là, j'espérais pouvoir apporter beaucoup plus à l'équipe..."
LES DERNIERS MOIS : "Le vrai déclic, c'est Auxerre !"
"L'expérience de six mois à Laval, la saison passée, m'a servi. Quand tu découvres un autre environnement, t'as l'impression de repartir de zéro et tu t'endurcis. Je suis un mec têtu, je fais tout pour obtenir ce que je souhaite. A Auxerre en Coupe de la Ligue, j'ai saisi la perche qui m'a été tendue. Là-bas, je réussis un doublé qui qualifie l'équipe. Dans ma tête, ça change tout. C'est un vrai déclic. Je ne suis pas du genre à me prendre la tête. Je prends ce qu'on me donne et j'essaie de rendre la confiance qu'on m'apporte."
SON ILE : "La Guadeloupe, c'est tout pour moi..."
"La Guadeloupe, c'est tout pour moi. Je suis fier de mes racines, de mon île. J'ai grandi là-bas et c'est un réel plaisir d'y retourner une fois par an. Nous, les Antillais, on est présents partout dans le sport. Dans le judo avec Teddy RINER, dans l'athlétisme et évidemment dans le foot... Tu ne verras jamais un Guadeloupéen tirer la tronche... Chez nous, c'est impossible, on a toujours le sourire... Il y a un truc qui m'émeut vraiment, c'est lorsque ma famille m'appelle et me dit que des gens de l'île ont vu les matches et me félicitent. C'est hyper-touchant..."
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