
Dans ce football si étrange où le nombre de buts est devenu l’unique variable pour juger la qualité du spectacle, tout est réuni afin que les gardiens aillent chercher, un maximum de fois, le cuir au fond de leur cage.
Si être gardien, ce n’est pas de la tarte, en être l’entraîneur suppose aussi une méthodologie particulière. Frédéric PETEREYNS est le mentor des trois portiers du groupe pro, Damien PERQUIS, Thomas BOSMEL et Paul REULET. Agé de 44 ans, le Nordiste, qui fut dernier rempart au SM Caen, à Sochaux et à Lorient entre 1991 et 2001, raconte toutes les ficelles de son métier. Confidences... sans filet.
Reconversion
"A la fin de ma carrière professionnelle, il m’a semblé naturel de devenir entraîneur des gardiens. Ma passion a toujours été de transmettre, c'est comme ça que je fonctionne. Pour moi, ce job-là était donc la reconversion rêvée, le meilleur moyen de rester au contact du terrain."
Mission
"L’entraîneur spécifique se met au service des gardiens de but. A partir du moment où tu bascules de l’autre côté de la barrière, tu sais pertinemment que, durant le match, tu ne pourras rien faire. En revanche, en amont, c’est là que ton rôle est primordial. C’est à toi de mettre ton gardien dans les meilleures dispositions physiques, techniques et mentales, pour qu’il soit le plus performant, durant les 90 minutes de la rencontre."
Méthode
"Il y a, évidemment, une philosophie de travail propre à chacun. Pour ma part, je sais que la base, c’est le plaisir. Je ne supporterais pas que mes gardiens viennent à l’entraînement, en traînant les pieds. Je veux qu’ils aient la banane (sic) tout le temps, qu’on travaille dans la bonne humeur. Mais le plaisir, ça s’accompagne aussi d’une forte exigence. A haut-niveau, la rigueur et la discipline, c’est indispensable…"
Poste
"Gardien de but, c’est le poste le plus frustrant, avec celui d’attaquant. Les deux extrêmes du terrain ont de nombreuses similitudes et, fréquemment, l’avant-centre et le gardien sont très amis dans une équipe. A l’image du buteur qui ne marque pas et qui cogite, un gardien doit toujours s’appliquer à vite tourner les pages, à passer à autre chose tout en se rappelant de ce qu’il ne faut surtout pas refaire. Les événements te font grandir, te rendent encore meilleur. L’essentiel de la fonction, c’est le mental."
Evolution
"C’est simple : dans le football, toutes les innovations récentes se sont faites au détriment des gardiens. Il y a eu l’interdiction des passes en retrait, la règle des 6 secondes, les ballons qui volent… Maintenant, faut être costaud pour être gardien. Car, franchement, tout est réuni pour que les buts soient marqués. Si bien qu’aujourd’hui, un gardien doit être hyper-complet. Il doit avoir des mains, des pieds, des aptitudes dans les sorties aériennes…"
Complicité
“Avec mes gardiens, on bosse au quotidien, donc, inévitablement, une complicité, des habitudes et une relation de confiance se créent au fur et à mesure du temps. Mais l’important dans ce métier, c’est d’individualiser la pédagogie car il ne faut jamais oublier que chaque gardien a un style, un tempérament, une personnalité qui lui sont propres. Et c’est à toi, en tant qu’entraîneur spécifique, d’adopter ta méthode et ton discours pour qu’il soit le plus réceptif possible…"