J2. Quand la bande à Gravelaine étrillait le Téfécé

Si la réception de la formation toulousaine, prochain adversaire du SMC à d'Ornano, n'évoque pas que des bons souvenirs du côté de la Normandie comme le confirment les statistiques (8V-4N-5D), le Stade Malherbe a, néanmoins, glané quelques victoires marquantes contre les "Violets" à l'image de ce soir de septembre 1992 où les hommes de Daniel Jeandupeux donnent une leçon de football offensif.
A l'image de Benoît Cauet et Gabriel Calderon, le milieu de terrain caennais avait dominé techniquement son alter ego toulousain.
A l'image de Benoît Cauet et Gabriel Calderon, le milieu de terrain caennais avait dominé techniquement son alter ego toulousain.

Le contexte

Orphelin de Dumas, Calderon et Rouissi en Normandie

A l'heure d'entamer sa cinquième saison consécutive en D1, le Stade Malherbe sort de son exercice le plus abouti avec une 5e place à la clé, synonyme de qualification en Coupe d'Europe. Une première dans l'histoire du club normand. Rançon du succès, les "Bleu et Rouge" voient partir durant le mercato Franck Dumas à Monaco en échange de six millions de francs tandis que Michel Rio, pas prolongé, file au Havre.

Dans le sens inverse, le vice-champion du Monde 1990 avec l'Argentine Gabriel Calderón pose ses valises dans le Calvados en provenance de Sion. Idem pour le prometteur meneur de jeu Stéphane Dedebant, évoluant auparavant au RC Paris. Après de longues négociations avec le Club Africain, l'équipe du président Guy Chambily enregistre la signature d'une troisième recrue en la personne du Tunisien Faouzi Rouissi pour deux millions de francs.

De son côté, Toulouse engage de nombreux renforts dont le Tchécoslovaque et capitaine du Sparta Prague Vaclav Nemecek et un certain Dominique Arribagé, l'actuel entraîneur du Téfécé, arrivé du club voisin de Muret. Plusieurs de ses coéquipiers de cette génération embrasseront, d'ailleurs, la carrière de coach tels Christophe Galtier (Saint-Etienne), Michel Pavon (ex-Bordeaux) ou encore Alain Casanova, son prédécesseur sur le banc du Téfécé. A noter également la présence du jeune Vincent Candela, futur champion du Monde et d'Europe avec la France.

Le match

Un effet Coupe d'Europe

Le départ de Franck Dumas qui n'a pas été remplacé a laissé un grand vide. Sans son taulier, l'arrière-garde caennaise prend l'eau et le début de championnat est pour le moins compliqué avec quatre défaites pour seulement deux succès. Mais face à une formation toulousaine mal en point et à la recherche d'une première victoire (2N-4D), le réveil des protégés de Daniel Jeandupeux est spectaculaire.

Galvanisés par leur succès quatre jours plus tôt aux dépens des Espagnols de Saragosse lors du 1er tour aller de la Coupe UEFA (3-2), les partenaires d'Yvan Lebourgeois réalisent un festival offensif. Un homme se signale particulièrement. Repositionné en attaque par son coach en début de saison, Xavier Gravelaine qui jouait jusqu'à présent en milieu offensif gauche inscrit un doublé, ouvrant et clôturant le score. Son compère de l'attaque, Stéphane Paille n'est pas en reste en marquant le troisième but tandis que le milieu défensif Benoît Cauet triple la mise. A 3-0, la réduction du score de Bernard Ferrer sur penalty pour le Téfécé est anecdotique.

Rétrospective (19/09/92). SM Caen - Toulouse 4-1 en photos

La réaction

Xavier Gravelaine : "Dans l'euphorie de Saragosse"

"Nous étions ressortis bouillis physiquement du match de Coupe d'Europe. Je me rappelle, nous n'avions fait que de la récupération entre les deux rencontres. Mais en entrant sur la pelouse pour affronter Toulouse, nous nous trouvions toujours dans l'euphorie de Saragosse. Nous avons attaqué la partie sur le même rythme et nous les avons explosés techniquement", se souvient l'actuel Directeur général du Stade Malherbe.

"Pour ce rendez-vous, nous avions aligné une composition hyper offensive avec Hippolyte Dangbeto en latéral droit et un milieu composé de Willy Görter, un véritable n°10, Gabriel Calderon et Stéphane Dedebant au milieu. En n°6, Benoît Cauet récupérait tous les ballons".

La suite de la saison

Adieu Venoix, bonjour d'Ornano

Dix jours après avoir accueilli Toulouse, les Caennais sont éliminés de la Coupe UEFA à l'issue d'un revers 2-0 en Espagne. Entre les occasions manquées et un arbitrage plus que contestable, surtout à l'aller, cette double confrontation laisse énormément de regrets dans le camp "Bleu et Rouge".

En championnat, le SMC se caractérise par son inconstance au point à un moment de se mettre en danger pour le maintien. Même si le collectif de Daniel Jeandupeux termine finalement à une honorable 11e place, la fébrilité de sa défense, la cinquième plus perméable de la D1, ne lui permet pas de rééditer le parcours de l'exercice précédent.

A l'inverse, l'équipe malherbiste assure, cependant, le spectacle avec la sixième attaque la plus prolifique de première division avec 55 buts inscrits. Un record dans l'histoire du club normand jamais battu jusqu'à aujourd'hui bien que les garçons de Patrice Garande l'aient approché de très près l'année dernière (54 buts marqués).

Un joueur symbolise cette puissance offensive : Xavier Gravelaine, auteur de 20 buts en championnat, "sans aucun penalty", précise en plaisantant l'intéressé. Désigné meilleur attaquant de D1 devant Georges Weah et Alen Boksic en 1992, celui qui allait devenir DG du Stade Malherbe 20 ans plus tard est sélectionné à quatre reprises en équipe de France au cours de cette saison.

A l'occasion de la réception de Montpellier le 2 juin 1993 lors de l'ultime journée, le Stade Malherbe effectue ses adieux à Venoix. Une dernière gâchée par une défaite 3-2. Quatre jours plus tard (le 6 juin), le stade Michel-d'Ornano est inauguré à l'occasion d'une rencontre amicale contre le Bayern Munich. En présence du Premier ministre Edouard Balladur, les Caennais s'imposent 4-1 devant 21 500 spectateurs.

Saison 1992-1993 - 7e journée - Samedi 19 septembre

SM CAEN - TOULOUSE FC 4-1

Stade de Venoix.

Mi-temps : 1-0.

Arbitrage de M. Alain Lalu.

Buts : Gravelaine (28', 84'), Paille (57'), Cauet (63') pour Caen ; Ferrer (sp 82') pour Toulouse.

  • SM Caen : Philippe Montanier (g) - Hippolyte Dangbeto, Joël Germain, Yvan Lebourgeois, Christophe Point - Benoît Cauet - Stéphane Dedebant, Willy Görter (Philippe Avenet, 64'), Gabriel Calderon (Faouzi Rouissi, 76') - Xavier Gravelaine, Stéphane Paille. Entraîneur : Daniel Jeandupeux.
  • Toulouse : Olivier Pédémas (g) - Jean Hernandez, Serge Romano (Nicolas Rodor, 65'), Dominique Arribagé, Aïssa Fouka, Jean-François Soucasse, Christophe Galtier (Jean-Christophe Debu, 63'), Vaclav Nemecek, Bernard Ferrer, Anthony Bancarel, Eric Lada. Entraîneur : Victor Zvunka.

L'effectif de la saison 1992-1993

Stéphane Dedebant, Gabriel Calderón, Yvan Lebourgeois, Guy Chambily (président), Stéphane Paille, Benoît Cauet, Xavier Gravelaine (assis au premier rang de de gauche à droite) ; Arturo Samassa (intendant), Philippe Montanier, Hippolyte Dangbeto, Christophe Dubosq, Daniel Jeandupeux (entraîneur), Emmanuel Rival, Philippe Avenet, Frédéric Peteyrens (au milieu debout de gauche à droite) ; Bruno Gacoin (kiné), Clément Garcia, Christophe Point, Joël Germain, Wally Dieng, Hubert Fournier, Stéphane Lièvre, Guy Lunel (adjoint). Absent sur la photo : Faouzi Rouissi arrivé un peu plus tard dans la saison.

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