
De l’épaisseur d’un boyau
La première attitude, quand on a les jambes un peu lourdes, c’est bien évidemment de prendre la roue de l’adversaire : de lui laisser mener le peloton, en bon leader qu’il est, pour qu’il se fatigue à ouvrir la route, tandis qu’on tourne tranquillement les jambes, jusqu’à se laisser le temps de compter les pavés et, pour les plus assidus, de réviser ses classiques. Là n’est certainement pas la bonne solution, le profil du parcours, accidenté en fin d’étape, permettant aux locaux, comme ils l’ont testé la semaine dernière à Nice, de réaliser un véritable coup de chacal, soit par un accélération de son leader désigné (Tavares), soit sur un dernier écrasement de pédales de ses vieux briscards (Gourcuff), voire par un de ses jeunes désireux de montrer le maillot (Keita). Le risque est d’être pris dans une cassure, de perdre le gain du match pour quelques centimètres et de poursuivre le championnat en chasse-patates.
Pour l’amour du puncheur-grimpeur
Non, pour l’équipe caennaise, il ne faut plus se planquer et envisager sérieusement d’enrouler du braquet : le profil du jour, sinueux, doit l’amener à cocher l’étape afin de remonter au classement. D’abord en plaçant quelques banderilles, histoire de déstabiliser la tactique de contrôle de l’adversaire et, peut-être, de profiter de la position de seizième pour obtenir un bon de sortie. Puis affronter la difficulté du jour, une côte d’or de première catégorie, avec tout le punch nécessaire pour gratter la première victoire de prestige de la saison. Oui, le SMC a quelques candidats à ce type d’échappée dans son effectif et pour animer les jours destinés aux meilleurs baroudeurs. Cette étape n’aura peut-être pas la dimension des autres sommets à venir, mais elle pourrait offrir l’assurance d’aborder la journée de repos avec les cuisses et l’âme légères. Et qui sait, elle donnerait peut-être aussi l’envie de réitérer l’exploit dès lors que la route sera encore plus pentue. Au terme de la journée, les Bleu et rouge auraient l’occasion de changer de statut et de devenir les chouchous des Français qui, comme chacun sait, préfèrent à l’éclat trop affirmé du jaune doré les pois rouges accordés à ceux qui se battent contre les forts pourcentages. Alors, au sommet de la première ascension de l’année (mise à part celle de la première journée, dévouée aux spécialistes), il sera permis d’être un peu la tête dans les nuages. Ou, en tout cas, d’espérer que la roue continue ainsi de tourner.