Une championne du monde au service du Stade Malherbe

C’était il y a quelques semaines en Italie, Rim Ridane est devenue pour la troisième fois de suite Championne du Monde de Boxe Française. Sportive de haut-niveau mais aussi préparatrice mentale, elle accompagne les joueurs et joueuses du Stade Malherbe Caen depuis 2020.
Rim Ridane lors de son dernier titre de Championne du Monde en Italie il y a quelques semaines
Rim Ridane lors de son dernier titre de Championne du Monde en Italie il y a quelques semaines

Pour commencer, peux-tu nous raconter un peu ton parcours sportif ?

« On va essayer de faire rapide même s’il y a beaucoup de choses à dire. J’ai commencé par le karaté à l’âge de 6 ans jusqu’à mes 17 ans et un arrêt forcé suite à un traumatisme crânien. J’ai dû rester presque deux ans enfermée chez moi et on m’a annoncé que je ne pourrais plus jamais refaire de sport. J’ai pris la décision d’intégrer la filière STAPS et de tout de même reprendre le sport, c’est en première année que j’ai découvert la boxe française. Il fallait que je reprenne le sport, c’était vital pour moi. Progressivement j’ai commencé à bien m’investir, tout en continuant mes études jusqu’à obtenir mon CAPEPS pour être professeure d’EPS. En 2015, je suis devenue Championne de France et Championne d’Europe puis les Championnat du Monde un an plus tard et une seconde fois en 2018. »

Et professionnellement, comment passer de professeure d’EPS à la préparation mentale ?

« En parallèle de mon statut de sportive de haut-niveau, je me posais beaucoup de questions sur mon accident, c’est pourquoi je me suis renseignée sur les formations en neuroscience et préparation mentale. C’est à ce moment-là que je prends la décision de passer mon diplôme d’hypnothérapeute. Et à côté, je continue de faire des remplacements en tant que professeure d’EPS mais aussi la pratique de la boxe française à haut niveau. Au fur et à mesure, je me suis intéressé au cerveau et à son fonctionnement en étant thérapeute à mon compte. C’est à ce moment que je rencontre Olivier Pickeu qui me propose de venir travailler pour Angers SCO, dans un premier temps avec les jeunes du centre de formation puis avec le groupe professionnel. »

Il t’a donc proposé d’intégrer le projet avec lui ici ?

« Oui absolument mais pas seulement, je savais qu’il y avait l’université de neuroscience ici à Caen et moi mon objectif c’était de faire un doctorat sur l’impact des émotions dans la prise de décision en sport. Donc depuis 2020 je travaille avec le club et en parallèle j’ai commencé un cursus en neurosciences pour intégrer un doctorat en 2023 à l’université de Caen. Et sportivement, je suis licenciée au club de Caen aussi, pour qui j’ai remporté les Championnats de France et du Monde cette année. »

Ta curiosité pour ce domaine, c’est principalement dû à ton accident ?

« Je me suis toujours intéressée au cerveau, ça m’a toujours fasciné de savoir ce qu’il se passe dans la tête des gens. Mais j’ai vraiment commencé à me poser des questions sur l’impact des émotions à partir du moment où j’ai eu mon traumatisme. Je suis quelqu’un de plutôt positive et cette période a été très compliquée pour moi, je me demandais comment il était possible d’en arriver à avoir des idées noires. Sortant d’un BAC littéraire,  j’ai toujours pensé que ce n’était pas à ma portée. Inconsciemment je fixais moi-même des limites. Puis je me suis vite rendu compte que c’était accessible à qui s’en donne les moyens. » 

Concrètement, comment ça se traduit avec des joueurs de football ?

« On travaille aussi bien en collectif qu’en individuel. Sur les séances collectives, ce sont des thèmes qui sont validés par Stéphane Moulin. Il propose des axes qui semblent pertinents pendant la saison. Par exemple, on va me demander de travailler sur la confiance ou encore la cohésion. Sur la partie individuelle, chaque joueur vient me voir,  on pose un objectif qui va lui convenir : confiance, gestion du stress ou encore prise de décision. Ensuite on met en place soit de la préparation mentale ou un travail en hypnose, en fonction de ce que l’on recherche. Il nous arrive de parler des matchs, savoir ce qui a été ou non d’un point de vue psychologique, pour préparer les matchs suivants. »

Est-ce que tous les joueurs ont besoin de cette préparation mentale ?

« En tout cas, tous n’ont pas conscience de cela. Je pense que l’on a tout le temps besoin de préparation mentale. Parfois il suffit de peaufiner quelque chose pour vraiment améliorer la performance. Je compare souvent la préparation mentale à la préparation physique. Ce n’est pas parce que tu te sens au top niveau que tu n’as plus besoin de t’entretenir. On n’a pas cette logique en préparation mentale alors que c’est tout à fait comparable. Je leur explique en séance collective ma façon de voir les choses mais s’ils n’en ressentent pas le besoin, il ne faut absolument pas les forcer. »  

Tu as toujours réussi à concilier ta carrière de sportive et professionnelle ?

« Ça a souvent été compliqué mais c’est juste une question d’organisation. La journée type sur une préparation pour les Championnats du Monde, c’est très rythmé : je me levais à 5h30, j’allais m’entraîner avant ma journée de recherche pour mes études et mes consultations avant de retourner m’entraîner et de rentrer chez moi vers 23h30. Tout ça pendant 3 mois, sauf le dimanche. »

Quels sont tes prochains objectifs ?

« Je voulais absolument conserver mon titre de Championne du Monde cette année. Aujourd’hui j’ai 35 ans et j’ai pris la décision d’arrêter la boxe française. Je suis arrivée à un âge auquel je ne peux plus tout faire. Il y a le projet de doctorat et le projet avec le club. Il fallait faire des choix. J’ai opté pour le projet professionnel. J’ai fait ce que j’avais à faire. La boxe c’est très éprouvant, il y a les régimes à prendre en compte et on prend des coups, c’est assez traumatisant. »

 

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